Publication du rapport annuel d'Europol sur le crime organisé

Europol | Mai 2011

Europol a publié son rapport annuel sur la menace du crime organisé en Europe. Voici les grandes lignes du rapport :

  • Stupéfiants :

La tendance pour les organisations criminelles est à la diversification, tant au niveau des produits stupéfiants que des routes utilisées.
Le trafic se fait surtout par container, avec un rôle accru pour les ports de Tanger (Maroc) et de Port Saïd (Egypte).
Les Balkans sont également de plus en plus considérés comme une plaque tournante du trafic de stupéfiants en Europe.
Les groupes criminels vietnamiens, largement impliqués dans la culture de cannabis, se tournent également vers le trafic d’héroïne et de drogues de synthèse.
Les organisations criminelles investissent dans l’économie légale pour faciliter les trafics : sociétés d’import-export, de fret, de transport de passagers, de location de voitures et de télécommunication. Elles utilisent aussi les services de spécialistes du monde maritime, de la chimie, de la mécanique, du droit ou de la finance.
Les clans nigérians développent leurs relations avec les gangs de motards et les organisations criminelles russes.
Les organisations criminelles non-européennes utilisent des passeurs européens pour éviter les contrôles spécifiques. On note également une implication croissante de Roms dans le trafic de rue.

Héroïne : Elle vient surtout d’Afghanistan via la Turquie et les Balkans, mais on constate une diversification des routes. Ainsi, la route de la Mer Noire passe par l’Iran, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, l’Ukraine et, de là, la Roumanie ou les pays baltes, puis les pays nordiques. Des cargaisons maritimes partent également des ports iraniens et pakistanais vers la Méditerranée. Les clans nigérians organisent aussi le trafic via des vols commerciaux à destination d’Europe depuis les aéroports pakistanais, iraniens et indiens.
Les Balkans restent toutefois une importante zone de transit, pour l’héroïne à destination de l’Europe occidentale mais aussi de précurseurs vers les zones de production ou de transformation. La Hongrie fait le lien entre la route des Balkans et la route de la Mer Noire. Les mafias albanophones et turques sont particulièrement impliquées dans le trafic d’héroïne ; les clans nigérians s’impliquent cependant de plus en plus. Les mafias turques, bien implantées aux Pays-Bas, échangent de l’héroïne contre des drogues de synthèse, notamment de l’ecstasy. En Espagne, il semble que le trafic de l’héroïne soit désormais aux mains de groupes pakistanais, au détriment de clans turcs, désormais actifs au Maroc

Cocaïne : Le principal point d’entrée de la cocaïne en Europe reste la péninsule ibérique, avec une tendance croissante par les Balkans. Les groupes marocains sont impliqués dans le trafic de cocaïne en provenance d’Afrique de l’Ouest, utilisant les routes du cannabis. Les principaux fournisseurs sont les colombiens, avec une tendance nouvelle de cocaïne en provenance du Mexique. On note également une implication croissante de réseaux de République Dominicaine en Espagne. La cocaïne en provenance d’Afrique de l’Ouest passe également par le Mali et la Libye. Les services de police s’inquiètent également de l’activité des clans nigérians en Turquie. Les ports de l’Adriatique et de la Mer Noire constituent des zones d’entrée pour la cocaïne en Europe, les Balkans et la Bulgarie devenant des zones de stockage. Les organisations criminelles russes et géorgiennes sont impliquées dans le trafic.

Drogues de synthèse : Les Pays-Bas et la Belgique restent les principaux pays producteurs d’ecstasy en Europe. L’ecstasy est échangée contre de l’héroïne avec des groupes albanais et turcs et contre de la cocaïne avec des organisations sud-américaines. Les producteurs d’ecstasy ont des difficultés d’approvisionnement en PMK, produit précurseur dont la Chine a restreint le commerce. Les réseaux se tournent donc vers la safrole dont des saisies ont eu lieu en Europe du nord mais aussi en Afrique de l’Ouest.
La fabrication d’amphétamine est en hausse, également aux Pays-Bas et en Belgique, mais également en Pologne et dans les Pays Baltes. Une partie des amphétamines est exportée vers le Moyen-Orient, avec l’implication des groupes bulgares et turcs.
La production de méthamphétamine est en hausse, notamment dans les Pays Baltes et en Scandinavie, mais aussi en République Tchèque, Slovaquie et Pologne. On relève l’implication de groupes criminels chinois basés aux Pays-Bas et de groupes marocains dans la diffusion des méthamphétamines dans l’ouest de l’Europe. Les lituaniens sont impliqués dans le trafic de méthamphétamine en Russie, en Scandinavie et dans les Pays Baltes.

Cannabis : On constate une augmentation de la culture in-door d’herbe de cannabis. Les producteurs néerlandais commencent à s’implanter en Belgique et en Allemagne, sans doute à cause de la répression aux Pays-Bas. Les réseaux vietnamiens sont actifs dans la production de cannabis au Royaume-Uni, en Irlande, en République Tchèque, en Slovaquie et en Pologne. Dans le nord de l’Europe, les gangs de motards et les groupes criminels lituaniens sont également impliqués dans la production de cannabis.
Il existe également une production out-door de cannabis en Albanie, exporté vers la Grèce, l’Italie, la Slovénie, la Hongrie et la Turquie (où le cannabis est échangé contre de l’héroïne).
En matière de résine de cannabis, le principal fournisseur reste le Maroc. Les groupes criminels marocains, mais aussi britanniques et néerlandais, sont impliqués dans le trafic.

  • Immigration clandestine

La Turquie et la Grèce sont des zones importantes de passage pour les immigrés clandestins. Les organisations criminelles chinoises, vietnamiennes, pakistanaises, d’Afrique de l’Ouest et turques sont très impliqués dans ce secteur, de même que des groupes albanais, indiens, iraquiens, russes et brésiliens. Trois affaires d’immigration par avions privés ont été détectées en 2010 en Europe.

  • Trafic d’êtres humains

Les réseaux impliqués dans le TEH sont essentiellement chinois, nigérians, bulgares et roumains, mais aussi albanais, russes et hongrois. Les groupes Roms sont impliqués dans l’exploitation des enfants, forcés à voler ou à mendier. Les groupes nigérians et les chinois sont particulièrement impliqués dans les faux documents nécessaires au trafic. Les victimes du trafic sont exploitées dans les secteurs de l’agriculture, de la construction, du textile, des services à la personne et dans l’industrie du sexe.

  • Fraude

Le bénéfice dégagé par les fraudes (notamment les fraudes à la TVA) est souvent réinvesti dans d’autres activités comme le trafic de drogue, la contrebande d’alcool ou de tabac. Les escrocs ont largement investi le secteur de la fraude aux crédits carbone, représentant plus de 5 milliards d’euros par an. On note une proximité entre les organisations criminelles et des structures économiques légales. L’argent serait notamment blanchi dans les Antilles néerlandaises et dans les Emirats Arabes Unis.
La fraude aux cartes bancaires aurait rapporté 1,5 milliards d’euros en 2009.

  • Contrebande de cigarettes

Les bénéfices sont importants et les risques pénaux faibles. Les cigarettes de contrebande et/ou de contrefaçon viennent principalement de Chine, de l’ex-URSS et des Pays Baltes. Le trafic par containers transite par des zones comme Dubaï et Jebel Ali (aux Emirats Arabes Unis) ou Port Said (Egypte), mais aussi par l’Indonésie, les Philippines ou Chypre-Nord. Des usines clandestines sont implantées en Pologne et dans les Pays Baltes, grâce à la collaboration de groupes criminels lituaniens, polonais et ukrainiens. La contrebande coûterait 10 milliards d’euros par an au budget européen.

  • Contrefaçon

La contrefaçon de l’euro se fait principalement par des groupes bulgares, italiens (Camorra) et colombiens. Les euros fabriqués en Italie sont diffusés par des groupes polonais, lituaniens, roumains, bulgares, marocains et d’Afrique de l’Ouest (ghanéens, nigérians et sénégalais). Les euros bulgares sont distribués par des groupes bulgares, lituaniens, turcs, roumains et albanais.
Les contrefaçons de biens viennent principalement de Chine, via les Emirats Arabes Unis et les ports européens (notamment italiens, avec la complicité de la Camorra et de la ‘Ndrangheta).
Les faux documents viennent de groupes nigérians, pakistanais et thaïlandais.

  • Autres

Les armes viennent toujours principalement des Balkans. En plus des groupes balkaniques, on retrouve impliqués dans ce trafic les mafias italiennes et les gangs de motards.
En matière de vols organisés, on trouve des groupes originaires de pays de l’est : lituaniens (notamment vols de voiture), estoniens (braquage de bijouterie), géorgiens, albanais, polonais ou roumains.
Trafic de déchets : soit par des structures mafieuses, soit par des petits réseaux criminels. L’Italie et les ports du nord-ouest de l’Europe sont des zones de transit pour l’exportation illégale de déchets vers l’Afrique ou l’Asie.

Voir le rapport ici

Les hubs criminels en Europe

Désolé, cette page est seulement accessible aux abonnés de crimorg.com!