Note d'Europol sur la criminalité et les cryptomonnaies

Europol | Janvier 2022

Europol a publié le 26 janvier dernier une note sur l’utilisation croissante, en termes de volume et de sophistication, de cryptomonnaies par les criminels ces dernières années. Le rapport est basé sur des informations opérationnelles fournies à Europol, des données recueillies pour la SOCTA 2021 de l’Union Européenne (Serious and Organised Crime Threat Assessment) et sur des rapports du secteur privé, du milieu universitaire et d’autres sources ouvertes pertinentes. Selon le secteur privé, l’utilisation illégale de cryptomonnaies représente une petite partie de leur utilisation globale, 0,34 % des transactions, alors que le milieu universitaire estime que ce pourcentage est plus élevé, à savoir 23%. Les cryptomonnaies, un moyen de paiement, d’investissement et de transfert de fonds, offrent un paiement fiable, irréversible, sécurisé, en temps réel, à l’échelle mondiale, sans l’utilisation d’intermédiaires (banque, autorité publique). Des législations récentes de lutte anti-blanchiment commencent à prendre en compte ce nouveau paysage.
Les criminels utilisent les cryptomonnaies pour le commerce sur le dark web ainsi que dans des schémas de fraude et d’extorsion. Ils utilisent souvent des privacy coins qui offrent un degré plus élevé d’anonymité (par exemple : Monero, Dash et Zcash). Dans le but de blanchir leur argent, les criminels utilisent des services de changes de cryptomonnaies, services financiers en ligne permettant d’acheter et de convertir des cryptomonnaies en d’autres types de cryptomonnaies ou en monnaies fiduciaires, en échange d’une commission. Ces services, dans l’Union Européenne sont régulés et, par conséquent, sont obligés d’appliquer une diligence appropriée (ou Know Your Clients, KYC). Ainsi, les criminels cherchent des services de change sans licence. D’autres moyens utilisés par les criminels afin de cacher leurs transactions illégales sont 1) les services de crypto-swapping (échange d’une cryptomonnaie à l’autre, souvent à des privacy coins) qui sont souvent sans licence et même sans de procédures de KYC, 2) les services de cryptocurrency mixer ou tumbler qui offrent plus de confidentialité vue qu’ils utilisent plusieurs portefeuilles intermédiaires rompant ainsi le lien entre l’adresse d’origine et l’adresse finale et 3) l’utilisation des cartes de débit de cryptomonnaies.
Le blanchiment d’argent est l’activité la plus liée à l’utilisation illicite de cryptomonnaies. Des réseaux de blanchiment d’argent fournissent leurs services à d’autres réseaux criminels. Ces services sont de l’acquisition ou du commerce de cryptomonnaies, de la légalisation d’avoirs criminels et de l’encaissement final sur les comptes des criminels. Ces réseaux constituent une menace importante et permettent à d’autres réseaux criminels d’opérer. Ils offrent également des informations sur la manière dont les criminels peuvent retirer des cryptomonnaies, par exemple en échangeant des Bitcoins contre des chèques-cadeaux ou des cartes de débit prépayées.
Par ailleurs, les cryptomonnaies sont utilisées pour le paiement de drogues (ou le blanchiment du profit du trafic de drogues), des services d’abus sexuel pédophile ainsi que d’autres produits et services illicites en ligne ou pas, pour commettre des fraudes à l’investissement ainsi que dans des cas de cybercriminalité (surtout de rançongiciel). En 2020, sur le dark web le volume de transactions en crypto-monnaies est estimée à 1,5 milliards d’euros.
Les cryptomonnaies offrent aux criminels un système décentralisé et une pseudo-anonymité. En effet, les cryptomonnaies ne sont pas anonymes et les transactions sont traçables mais certains services et techniques peuvent renforcer l’anonymat et entraver les enquêtes des autorités. Pourtant, le risque pour les criminels est que ces monnaies sont soumises à une forte volatilité. En conclusion, l’utilisation de cryptomonnaies à des fins illicites semblent ne représenter qu’une petite partie de l’ensemble de l’économie de cryptomonnaies et les criminels semblent préférer s’appuyer sur la finance traditionnelle.

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