Études sur les marchés de la cocaïne et de la méthamphétamine en Europe

Europol + OEDT | Mai 2022

Europol et l’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies (OEDT) viennent de publier deux études sur le marché de la cocaïne et sur le marché de la méthamphétamine en Europe (en attendant les études des autres marchés, prévues à partir de 2023).

Le marché européen de la cocaïne continue à croître : sa disponibilité et son accessibilité sont à leur plus haut niveau de tous les temps. Le marché au détail de la cocaïne est estimé, au minimum, entre 7,7 et 12,8 milliards d’euros en 2020 en Europe : cela représente environ 1/3 de l’ensemble du marché des stupéfiants et du deuxième marché, derrière le cannabis. Le trafic est dominé par des réseaux très organisés et très violents. Les quantités saisies en Europe sont chaque année en augmentation depuis 2017 : en 2020, 214,6 tonnes avaient été saisies, notamment dans les ports (au moins 240 tonnes en 2021). Les saisies les plus importantes sont constatées dans les ports belges, néerlandais et espagnols ; mais les saisies sont en augmentation dans les autres ports européens, avec la corruption et les intimidations sur le personnel portuaire qui vont avec. La violence est également de plus en plus présente, y compris contre les fonctionnaires et les journalistes.
En matière de production, l’Amérique du Sud est évidemment la quasi-seule source de la cocaïne saisie en Europe : les analyses chimiques des échantillons permettent de confirmer que la grande partie de la cocaïne provient de Colombie, même si la part de la cocaïne péruvienne est en augmentation. La transformation de pâte-base de coca en chlorhydrate de cocaïne se fait désormais de plus en plus souvent dans les laboratoires installés en Europe même. Cette présence de pâte-base en Europe pourrait créer un nouveau marché pour les consommateurs européens, de type crack ou paco. Les réseaux mexicains sont également de plus en plus présents en Europe, qui est utilisée comme point de transit vers l’Europe de l’Est, l’Océanie et l’Asie.

Voir le rapport ici

Le marché européen de la consommation de méthamphétamine est relativement petit mais semble être en croissance. Le marché est sans doute sous estimé, les utilisateurs croyant consommer des amphétamines et non de la méthamphétamine. Les saisies de méthamphétamine dans l’Union Européenne ont considérablement augmenté ces dernières années (en nombre et en quantité). Cela s’explique par une production accrue dans des labos situés sur le sol européen, mais également en dehors (Mexique, Nigeria, Iran). Les réseaux mexicains, utilisant l’Europe comme point de transit vers d’autres marchés, disposent de relais logistiques en Europe : une accessibilité plus grande du produit est donc à craindre. De petites quantités de méthamphétamine sont également de plus en plus découvertes dans des colis postaux envoyés depuis le Mexique. S’il existe une ancienne production, à petite échelle, de méthamphétamine en Tchéquie et dans les pays voisins, des labos de niveau industriel sont de plus en plus installés, notamment aux Pays-Bas et, dans une moindre mesure, en Belgique. Il existerait un partage d’expériences entre réseaux néerlandais (amphétamine et ecstasy) et mexicains (méthamphétamine et cocaïne). Des réseaux européens se sont spécialisés dans le soutien logistique à la production de méthamphétamine : livraison de précurseurs ou de pré-précurseurs, d’équipements et d’expertise dans la mise en place d’installations de production. Cette production entraîne des risques sur la santé, la sécurité et l’environnement : incendies accidentels, vapeurs toxiques, déchets toxiques déversés en pleine nature,… Les forces de sécurité craignent que les réseaux mexicains de production de méthamphétamine implantés en Europe se tournent à terme dans la production de fentanyl (opioïdes de synthèse) et sa propagation en Europe. A côté de la production mexicaine (en Mexique ou en Europe), Europol s’inquiète d’une production observée en Afghanistan depuis 2016 : une production à faible coût qui pourraient intéresser les réseaux criminels, qui disposent déjà des filières d’acheminement de l’héroïne. Les premières saisies sont d’ailleurs observées en Turquie.

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