La Direction des Enquêtes Antimafia (Direzione Investigativa Antimafia, DIA) a publié son rapport semestriel pour la première moitié de 2022.
Le rapport confirme la tendance observée depuis plusieurs années : les organisations mafieuses adoptent profil bas, rendant le risque apparent moins évident. La pratique du camouflage dans le tissu social donne aux mafias la possibilité de continuer à mener leurs activités illicites dans des conditions de tranquillité relative. En fait, le crime organisé préfère agir en silence et infiltrer le tissu économique, faisant appel à la complicité d’entrepreneurs et de professions libérales, de représentants des institutions et de la politique, tous formellement étrangère aux organisations.
Les projets (italiens et européens) de relance économique suite à la pandémie (comme le Plan National de Relance et de Résilience, PNRR) représentent une attractivité incontestable pour les mafias. Un renforcement des procédures pour lutter contre l’infiltration mafieuse a donc été mis en place. Même chose pour la création des infrastructures en vue des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de Milan-Cortina en février 2026 : villages olympiques , infrastructures routières et ferroviaires,…
Les points forts de la ‘Ndrangheta restent la fidélité aux origines et une structure solide à base familiale, mais aussi une « intuition commerciale et financière ». Les autorités constatent une baisse des affaires d’association de malfaiteurs, d’association mafieuse et de blanchiment concernant les Calabrais, à l’inverse les affaires de trafic international de stupéfiants sont en augmentation, notamment avec le port de Gioia Tauro comme base logistique : 14.785 kilos de cocaïne saisis lors du 1er semestre 2022 (contre 17.108 kilos pour l’ensemble de l’année 2021).
Les principaux secteurs d’activités de Cosa Nostra sont le trafic de stupéfiants, les jeux en ligne, les extorsions (en baisse) ou encore, particulièrement dans la région de Palerme, le recel de métaux précieux (issus de vols) avec l’aide de sociétés complices. S’il existe une structure organisationnelle forte à l’ouest de la Sicile, il n’y a pas encore de reconstitution d’un organe décisionnel supérieur. Dans la région de Catane, les clans de Cosa Nostra interagissent avec d’autres organisations criminelles, italiennes ou étrangères (et notamment nigérianes).
Concernant la Campanie, la Camorra est constituée d’organisations historiques consolidées et aussi de groupes aux équilibres instables ayant souvent recours à des méthodes violentes pour affirmer leur contrôle du territoire. Les clans traditionnels ont la capacité de pénétrer le tissu entrepreneurial, permettant parfois de consolider des positions monopolistiques dans certains secteurs. Le phénomène de la délinquance des mineurs est aussi de plus en plus important au centre de Naples, avec des épisodes violents impliquant des très jeunes.
Dans les Pouilles, les organisations criminelles se concentrent essentiellement dans les villes de Foggia, Bari et dans la région de Salento. Elles renforcent leurs mains mises sur ces territoires en pratiquant l’extorsion, le vol, les braquages, les incendies,… Ces groupes parviennent à infiltrer le secteur public et entrepreneurial.
La « mafia lucanienne » est implantée dans le Basilicate, entre la Campanie, la Calabre et les Pouilles. Plutôt horizontale, elle a une structure clanique à base familiale, avec colonisation de la Camorra et de la ‘Ndrangheta. Une section locale de la DIA a d’ailleurs été créée à Potenza en mars 2022.
Les organisations criminelles étrangères en Italie sont dédiées principalement au trafic de drogue ; à l’aide à l’immigration clandestine ; à la traite des êtres humains aux fins d’exploitation de la prostitution et au travail forcé ; et aux vols. Parmi les groupes les plus structurés, les Nigérians, Albanais et Chinois se distinguent par leur sens de l’organisation criminelle.

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