L’ONUDC (Office des Nations-Unies contre la Drogue et le Crime) vient de publier son rapport 2023 sur les drogues de synthèse. Quelques enseignements :
– Sur la méthamphétamine

La majorité de la production de méthamphétamine se trouve dans les États Shan du Myanmar (ex-Birmanie), alimentant les marchés de la région, mais aussi de l’Océanie, du Bangladesh et, plus récemment, du nord-est de l’Inde. Le Laos, déjà une zone de transit pour la méthamphétamine birmane, devient également de plus en plus un pays de production. Une petite production existe aussi en Chine, en Indonésie, en Malaisie et aux Philippines.
La région a enregistré des saisies de l’ordre de 151 tonnes en 2022, en baisse par rapport à 2021 (171,5 tonnes), mais restant toujours à un niveau élevé.
On note une reprise des flux de médicaments contenant de la pseudoéphédrine (produit précurseur de la méthamphétamine) de l’Inde vers le Myanmar. Les réseaux utilisent de plus en plus les plates-formes en ligne pour se fournir en précurseurs.
Les principaux réseaux étrangers de la région sont les cartels mexicains (pour se procurer des produits chimiques ; ils ont tenté de s’implanter mais les réseaux asiatiques, historiquement présents, sont un obstacle logique) ; les clans nigérians (spécialisés dans le trafic par « mules » et par fret aérien) et les réseaux iraniens (notamment en Indonésie).

– Sur la kétamine

Les zones de production de la kétamine se trouvent principalement au Cambodge, mais aussi dans les États Shan (Birmanie) et en Malaisie. Les labos sont de plus en plus quasi-industriels.  Les saisies de kétamine ont atteint un record dans la région en 2022 avec 27,4 tonnes (+167% par rapport à 2021). Son usage augmente à Brunei, Cambodge, Singapour, Corée et Japon, mais en baisse en Chine et en Thaïlande. Avec des prix très fluctuant, la pureté reste très haute.

– Sur l’ecstasy

Le marché de l’ecstasy reste limité en Asie de l’est et du sud-est (seul Singapour constate une augmentation de son usage) mais des laboratoires sont actifs au Cambodge, en Indonésie et en Malaisie (8 ont été démantelés en 2022, contre 5 en 2021). 6,7 millions de doses ont été saisies en 2022 (3,7 millions en 2021).
Comme en Amérique Latine avec la « cocaïne rose », on trouve dans cette région un mélange de stupéfiants, présenté sous forme multicolore dans une logique « marketing » : le « happy water » (composé de MDMA et de kétamine en Indonésie ; de MDMA, kétamine, méthamphétamine et caféine en Malaisie ; de MDMA, kétamine et nimetazépam en Thaïlande ;…).

Voir le rapport ici