Publication du rapport annuel sur les drogues de l'ONUDC
ONUDC | Juin 2023
L’Office des Nations-Unies contre la drogues et le Crime (ONUDC) vient de publier son rapport annuel sur les drogues. L’ONUDC constate que les services de répression doivent s’adapter à l’extrême souplesse qui caractérise les modèles économiques de la criminalité, ainsi qu’à la prolifération de drogues de synthèse bon marché et faciles à commercialiser. Quelques enseignements :
– En 2021, au niveau mondial, la prévalence annuelle de l’usage de cannabis chez les jeunes de 15 et 16 ans était de 5,34 %, contre 4,3 % chez les adultes ;
– Dans le bassin amazonien, le trafic et la production de drogues vont de pair avec des activités illégales qui ont des effets néfastes sur l’environnement et la société, et financent même parfois ces activités : occupation des terres, exploitation forestière, extraction minière, le trafic d’espèces sauvages,… Les peuples autochtones sont les victimes collatérales de la criminalité, subissant déplacements, intoxications au mercure ;
– le conflit armé en Ukraine a entraîné un déplacement des itinéraires de trafic d’héroïne et de cocaïne, mais l’on voit poindre la menace d’une augmentation de la fabrication et du trafic de drogues synthétiques. Au Sahel, le trafic de drogues finance les groupes insurgés qui prélèvent des « impôts » en échange d’une protection ;
– Les drogues synthétiques occupent une place de plus en plus importante : elles sont peu chères, faciles et rapides à fabriquer. Sa production permet de rapprocher l’offre des marchés de consommation et de remplacer rapidement les produits saisis, ce qui met à mal l’action de détection et de répression. Au niveau mondial, la méthamphétamine est la principale drogue de synthèse. Le fentanyl contribue au nombre élevé de surdoses parmi les personnes faisant usage de drogues ;
– Le nombre des saisies de nouvelles substances psychoactives (NSP) et les quantités saisies ont augmenté en 2021, pour atteindre 19 tonnes, en hausse de 40 % par rapport à l’année précédente. Les données font état de 1.184 NSP identifiées et surveillées ;
– La disponibilité des précurseurs chimiques et l’utilisation de plateformes en ligne réduisent les obstacles pour les groupes criminels, rendant la fabrication illégale de drogues plus aisée, plus modulaire et plus axée sur la technologie. Comme il est facile de se renseigner en ligne sur les procédés de fabrication de drogues synthétiques, les activités de synthèse sont de plus en plus répandues ;
– La fragmentation des chaînes d’approvisionnement et la constitution de groupes criminels aux liens distendus favorisent l’expansion de l’offre de drogues, notamment de cocaïne, avec l’apparition de nouvelles plaques tournantes et de nouveaux marchés, et une augmentation de l’usage sur les marchés traditionnels. Les groupes se livrant au trafic, moins rigides et hiérarchisés, sont plus innovants et capables de s’adapter ;
– La culture du cocaïer et du pavot atteindrait des niveaux pratiquement sans précédent, mais l’interdiction décrétée en Afghanistan pourrait avoir une incidence sur la récolte d’opium en 2023. La production mondiale d’opium est restée élevée en 2022, à 7.800 tonnes. La dynamique du deuxième marché mondial de la cocaïne (l’Europe occidentale) et l’efficacité accrue de la production de cocaïne se sont traduites par un niveau record de fabrication, à 2.300 tonnes, en 2021 ;
– Environ 219 millions de personnes, soit 4 % de la population mondiale, ont fait usage de cannabis en 2021. Le nombre de personnes faisant usage de cannabis a augmenté de 21 % ces dix dernières années. C’est en Amérique du Nord que l’usage de
cannabis reste le plus élevé, puisque 17,4 % de la population âgée de 15 à 64 ans en a consommé en 2021. La culture du cannabis a continué d’augmenter en 2021, bien qu’à un rythme plus lent qu’en 2020. Après avoir atteint un niveau record en 2020,
les saisies de résine de cannabis ont diminué en 2021. Les périodes de confinement ont entraîné une hausse de l’usage de cannabis, tant en quantités qu’en fréquence. Au niveau mondial, une part importante des dommages liés à la drogue sont imputables au cannabis : on estime que 41 % des cas de troubles liés à l’usage de drogues dans le monde sont liés à l’usage de cannabis (2019) ;
– 60 millions le nombre de personnes ont fait usage d’opioïdes en 2021 (1,2 % de la population mondiale), la moitié vivant en Asie du Sud ou en Asie du Sud-Ouest. L’usage mondial d’opioïdes est resté stable en 2021, après avoir légèrement augmenté entre 2017 et 2019. Les opioïdes restent les drogues les plus meurtrières : ils sont à l’origine des deux tiers des décès directement liés aux drogues. La superficie consacrée à la culture du pavot dans le monde a augmenté de 28 % en 2022 mais la production d’opium a diminué de 3 %. L’Afghanistan était toujours à l’origine de la
majeure partie (80 %) de la production mondiale d’opium illicite en 2022. La route des Balkans reste le principal itinéraire du trafic d’opiacés. Les saisies d’opioïdes pharmaceutiques, qui suivent une tendance à la hausse sur le long terme, ont fortement augmenté en 2021 ;
– Environ 22 millions de personnes, soit 0,4 % de la population mondiale, ont fait usage de cocaïne en 2021. La demande a augmenté en Afrique et en Asie ces vingt dernières années. La fabrication de cocaïne a atteint un niveau record en 2021, à 2.304 tonnes. Les saisies se font de plus en plus près des sites de production en Amérique du Sud, où la quantité totale saisie est désormais plus de trois fois plus élevée qu’en Amérique du Nord. Près de 80 % des saisies de cocaïne proviennent du trafic maritime ;
– 36 millions le nombre de personnes ont fait usage d’amphétamines en 2021 (0,7 % de la population mondiale). On constate une augmentation de l’usage d’amphétamines en 2021 et au cours des dix dernières années. 20 millions de personnes (0,4 % de la population mondiale), ont fait usage d’ecstasy en 2021. Le marché du captagon continue de prospérer au Proche et au Moyen-Orient, où les saisies ont atteint un niveau record en 2021. Les saisies semblent indiquer une évolution du mode de fabrication de la méthamphétamine, avec un recours accru aux précurseurs du phényl-1 propanone-2 (P-2-P) plutôt qu’à l’éphédrine et à la pseudoéphédrine. L’augmentation observée dans l’usage et la fabrication de méthamphétamine en Afghanistan est une source de préoccupation croissante en Asie du Sud-Ouest.
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