L’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies et Europol ont présenté un rapport sur le marché européen de l’héroïne et des autres opioïdes (méthadone, buprénorphine, fentanyl,…). Ces drogues représentent une vraie menace sanitaire, avec une part signalée dans les overdoses mortelles dans l’Union Européenne de 74% (chiffre de 2021), et une population d' »usagers à haut risque » estimée à environ un million de personnes.
Dans l’Union Européenne, le marché de l’héroïne est estimé entre 4,1 et 6,7 milliards d’euros, pour entre 96,9 tonnes à 154,7 tonnes consommées en 2021. Cette même-année, plus de 9,5 tonnes ont été saisies dans l’Union, un record depuis 20 ans ; alors qu’en Turquie les saisies, là aussi record, se montaient à 22,2 tonnes. Malgré ces importantes saisies, le prix au détail de l’héroïne a baissé (-16% entre 2011 et 2021), alors que la pureté a augmenté (+38% sur la même période) : cela suggère un approvisionnement sable en héroïne. L’Afghanistan est la principale source d’héroïne de l’Union Européenne, même si la production d’opium semble avoir connu une réduction signification en 2023.
Si cette tendance continue, le manque de disponibilité du produit pourrait entraîner un déport vers les opioïdes de synthèse, menace accentuée par la présence (encore relativement limitée) de groupes criminels mexicains dans l’Union Européenne. Les trafiquants combinent les routes maritimes et terrestres pour l’acheminement, et les points de transbordement, à la fois dans et hors Union (pays de la péninsule arabique, en Afrique orientale et australe, en Iran, au Pakistan et en Turquie,…). Le trafic d’héroïne sur la route du sud vers l’UE semble augmenter, avec de grandes quantités d’héroïne quittant les ports des zones iraniennes ou pakistanaises de la côte de Makran. L’utilisation des routes de trafic du Nord et du Caucase semble se poursuivre, mais la guerre de la Russie contre l’Ukraine a contribué à modifier les itinéraires du trafic, certains rapports indiquant que les réseaux criminels recherchent des alternatives aux itinéraires de trafic passant par l’Ukraine. Il existe également une « route des Balkans » inversée pour acheminer des produits chimiques précurseurs de l’Europe vers l’Afghanistan. La violence associée au marché européen de l’héroïne est relativement rare, en grande partie en raison de la stabilité du marché et de la coopération entre les réseaux criminels, mais le risque d’escalade soudaine de la violence n’est pas à exclure à l’avenir.

Voir le rapport ici
ou https://www.emcdda.europa.eu/publications/eu-drug-markets/heroin-and-other-opioids_en