Dispositifs de localisation : nouvel outil du crime organisé et des violences domestiques

New South Wales Crime Commission | Juin 2024

Le projet « Hakea« , lancé par la Commission criminelle de l’État australien de Nouvelle-Galles du Sud, a permis de démontrer l’usage croissant des technologies de suivi pour faciliter des activités criminelles graves et organisées. Une étude lancée autour de ce projet a révélé que les dispositifs de suivi tels que les Apple AirTags et les Samsung SmartTags sont largement utilisés par les groupes criminels et les auteurs de violences domestiques.

L’étude a examiné 5.163 dispositifs de localisation/suivi achetés par 3.147 clients. Les résultats montrent que 37 % des acheteurs étaient connus de la police pour des antécédents criminels. De plus, 25 % des clients avaient un passé de violence domestique et familiale, 15 % étaient impliqués dans des activités criminelles graves et organisées, et 6 % avaient d’autres antécédents criminels. Notamment, 126 clients étaient sous le coup d’une ordonnance d’éloignement (AVO : Apprehended Violence Order) au moment de l’achat.
Les dispositifs de suivi ont été impliqués dans au moins 20 actes de violence organisés depuis 2016, dont trois meurtres, trois tentatives de meurtre, des enlèvements et des vols violents de drogue. Un quart des personnes ayant acheté des dispositifs de suivi depuis le début de 2023 ont un passé de violence domestique. Il existe un lien fort entre le crime organisé et les violences domestiques, les criminels utilisant ces dispositifs pour contrôler leurs partenaires intimes. Des systèmes de surveillance d’IA ont permis d’identifier 391 clients à risque, ayant été signalés à la police. Certains clients font toujours l’objet d’une enquête.

Apple Airtag

Depuis 2022, leur utilisation dans des activités criminelles a considérablement augmenté. L’étude Hakea recommande de modifier la législation pour restreindre la vente de ces dispositifs. Actuellement, ils sont facilement accessibles en Nouvelle-Galles du Sud, tant en magasin qu’en ligne, sans aucune exigence de licence ou d’enregistrement pour les fournisseurs et les acheteurs. Cela complique les efforts des forces de l’ordre pour suivre et réguler leur utilisation. En réponse à ces préoccupations, Apple et Google ont annoncé des mises à jour pour leurs plateformes iOS et Android afin de prévenir le harcèlement en alertant les utilisateurs de la présence de dispositifs de suivi suspects.
Malgré ces points inquiétants, il existe des usages positifs de ces dispositifs de suivi. En juin dernier, un menuisier a retrouvé ses outils volés grâce à des AirTags, révélant une cachette de plusieurs millions de dollars. De même, ces appareils ont permis de retrouver un vélo coûteux et de mettre au jour des activités de trafic de stupéfiants. Le projet Hakea montre la nécessité d’une réglementation stricte et d’une surveillance accrue pour prévenir l’utilisation abusive des dispositifs de suivi, tout en soulignant leur double tranchant dans le domaine de la sécurité et de la criminalité.

Voir l’étude ici
ou https://www.crimecommission.nsw.gov.au/hakea-final-report-25-june-2024.pdf

NDLR : AVO, ou « Apprehended Violence Order » est une ordonnance de tribunal en Australie visant à protéger une personne ou un groupe de personnes contre la violence, le harcèlement, l’intimidation ou d’autres formes de comportement menaçant, etc. Un AVO est généralement demandée par une personne qui pense courir un risque de violence ou d’abus de la part d’une autre personne. L’ordonnance peut empêcher la personne faisant l’objet de l’ordonnance de s’approcher ou de contacter la ou les personnes protégées ou de se comporter négativement à leur égard.

Par Anaë Woodward

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