Les consommations de drogues en prison

Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) | Mai 2024

L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a publié en mai 2024 les résultats de l’enquête ESSPRI (Enquête sur la santé et les substances en prison), menée entre avril et juin 2023. Ce rapport, premier du genre, présente une analyse représentative des consommations de drogues en milieu carcéral chez les hommes détenus en France métropolitaine.
Sur les 1.094 détenus interrogés, l’enquête révèle des niveaux de consommation préoccupants. Près de 60 % des détenus fument quotidiennement du tabac, soit environ 2,5 fois plus que dans la population générale. Le cannabis est également largement consommé, avec 49 % ayant consommé au moins une fois pendant leur détention. 26 % des détenus consomment quotidiennement du cannabis, un taux au moins 8 fois plus élevé que dans la population générale. L’alcool, bien que prohibé en prison, est consommé par 16 % des détenus, principalement de manière occasionnelle.

Part des détenus ayant consommé ces drogues durant leur incarcération

L’enquête ESSPRI montre que plus de la moitié des détenus (52 %) ont consommé au moins une drogue illicite autre que le tabac en prison. Le cannabis est la substance la plus accessible, 51 % des détenus affirmant qu’il est « très facile » ou « plutôt facile » d’en obtenir. En revanche, l’alcool est perçu comme beaucoup plus difficile à se procurer. La polyconsommation est courante. Près d’un tiers des détenus combine une consommation quotidienne de tabac et mensuelle de cannabis, une situation plus fréquente chez les 18-34 ans.
Les jeunes détenus sont en général plus enclins à consommer des drogues que leurs aînés. L’usage de drogues illicites comme la cocaïne, le crack, la MDMA et l’héroïne concerne 14 % des détenus, avec des prévalences respectives de 13 %, 6,2 %, 5,4 % et 5,1 %. Par ailleurs, 4 % des détenus rapportent avoir eu recours à l’injection d’une substance au moins une fois.

Polyconsommation chez les détenus

L’enquête ESSPRI établit une continuité dans les usages de substances entre avant et pendant l’incarcération. Les détenus ayant consommé régulièrement du cannabis avant leur incarcération sont majoritairement ceux qui continuent à en consommer en prison. Cependant, pour l’alcool, la consommation tend à diminuer drastiquement en détention par rapport aux habitudes avant incarcération.
Les résultats montrent la nécessité de renforcer les politiques de prévention et de traitement des addictions en milieu carcéral. La forte prévalence du tabagisme et de la consommation de cannabis invite à intensifier les actions de santé publique dans les prisons. De plus, la continuité des usages avant et pendant l’incarcération souligne l’importance d’interventions ciblées dès l’entrée en prison. L’OFDT prévoit un second volet de l’enquête ESSPRI en 2025, incluant cette fois les femmes détenues, afin d’offrir une vision plus complète des consommations de substances psychoactives en milieu carcéral.

Voir l’étude ici
ou https://www.ofdt.fr/sites/ofdt/files/2024-05/ofdt_tend163.pdf

Par Anaë Woodward

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