Publication du rapport antimafia sur le 1er semestre 2023

DIA | Juin 2024

Le rapport décrit les mutations stratégiques de la criminalité organisée italienne, adaptant constamment ses opérations pour maximiser ses profits et échapper aux poursuites. Cette flexibilité est une réponse aux évolutions du marché et aux transformations sociales. Les mafias investissent dans divers secteurs légaux comme la finance, l’assurance et la logistique, tout en diversifiant leurs méthodes pour minimiser les risques juridiques et maintenir une apparence de légitimité. Les réseaux mafieux attirent les entreprises en difficulté, notamment les petites et moyennes entreprises, en leur offrant des fonds et un soutien logistique, favorisant ainsi une infiltration économique à grande échelle.
En parallèle, le rapport met en lumière les méthodes des mafias pour assurer leur pouvoir en prison, en particulier par l’introduction de téléphones mobiles permettant aux détenus de rester en contact avec leurs réseaux et d’organiser des opérations. Ces réseaux de soutien englobent un large éventail de complicités, de la famille aux professionnels de santé et jusqu’aux avocats.
Le document insiste également sur l’importance d’une collaboration accrue entre institutions pour affaiblir la criminalité organisée : cette lutte exige un engagement transversal incluant la politique, la culture, et le monde du travail pour offrir aux citoyens des alternatives légitimes et éliminer la perception que le « bien-être » provient d’entités criminelles.

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Focus sur Cosa Nostra

Cosa Nostra, traditionnellement structurée en mandamenti et familles, s’étend sur toute la Sicile, tandis que la Stidda est localisée au centre-sud de la Sicile. La criminalité palermitaine est marquée par un contrôle direct du trafic de drogue, avec des liens solides avec la ‘Ndrangheta et d’autres groupes criminels nationaux et internationaux. Face à l’absence de structure de commandement central, Cosa Nostra cherche à rétablir son autorité à travers une gestion souple de ses sphères d’influence et des alliances inter-mandamenti. L’autorité est divisée entre 15 mandamenti et 82 familles. À la tête de certaines factions, des jeunes aux racines familiales mafieuses émergent, souvent en concurrence avec des anciens qui, libérés de prison, cherchent à reprendre leur rôle dans l’organisation.
Bien que la présence d’organisations criminelles étrangères soit notable, notamment de cults nigérians dans le quartier de Ballarò à Palerme, ces groupes n’atteignent pas le même niveau d’organisation mafieuse que Cosa Nostra. Ils servent davantage de main-d’œuvre subordonnée dans des activités comme le trafic de drogue et la prostitution sous l’autorité de Cosa Nostra, qui maintient son monopole sur ces activités.

Au premier semestre 2023, le préfet de Palerme a pris 39 mesures antimafia à l’encontre d’entreprises soupçonnées de liens avec la mafia. Ces mesures touchent plusieurs secteurs économiques, dont la santé, les services funéraires, les parkings et le commerce de produits de la pêche. Les entreprises ciblées sont souvent rattachées aux mandamenti de Tommaso Natale-San Lorenzo, Misilmeri-Belmonte Mezzagno et Noce-Cruillas, ce qui illustre la profondeur des liens entre l’organisation mafieuse et les réseaux économiques locaux.

Malgré des tentatives de réorganisation, Cosa Nostra reste confrontée à une fragmentation du pouvoir, amplifiée par l’action constante des autorités. Le maintien de son influence est cependant garanti par sa structure flexible et ses alliances.

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Focus sur la mafia albanaise

La mafia albanaise est aujourd’hui l’une des organisations criminelles étrangères les plus influentes et dangereuses en Italie, rivalisant avec la ‘Ndrangheta en termes de sophistication et de puissance. Elle est impliquée dans un large éventail d’activités illicites, notamment le trafic de drogue, d’armes, le blanchiment d’argent, le trafic de migrants, et des opérations de violence extrême. Cette mafia s’est développée rapidement depuis les années 1990 et a étendu son influence en Europe, notamment dans les ports stratégiques d’Europe du Nord, où elle joue un rôle important dans l’importation de cocaïne depuis l’Amérique du Sud.
La Direction des Enquêtes Antimafia (DIA) décrit la mafia albanaise comme un réseau structuré et solidaire, renforcé par des liens familiaux. Elle est organisée en sous-groupes, ce qui lui permet de répartir les tâches de manière efficace et de se déplacer aisément sur le territoire italien, sous la direction de responsables situés en Italie comme à l’étranger. Grâce à cette organisation et à une forte mobilité, les groupes albanais peuvent opérer en toute discrétion et demeurer particulièrement dangereux.
La mafia albanaise a su s’adapter aux réseaux de narcotrafic internationaux, traitant directement avec les cartels sud-américains pour l’importation massive de cocaïne, ensuite distribuée en Italie. En Italie, ils collaborent parfois avec les organisations mafieuses locales, telles que la Camorra et la ‘Ndrangheta, partageant des méthodes similaires pour le trafic de cocaïne par les ports du Nord de l’Europe.
Le procureur Nicola Gratteri alerte depuis longtemps sur la puissance de cette organisation criminelle, indiquant que la mafia albanaise peut opérer de manière autonome, y compris dans des zones comme l’Amazonie ou la Colombie. En Europe, et notamment aux Pays-Bas, elle a su s’imposer, avec une force économique et une influence stratégique de plus en plus visibles, notamment dans le port de Rotterdam.
En plus du trafic de cannabis par la route des Balkans, les mafieux albanais ont diversifié leurs activités et investissent désormais dans le trafic de cocaïne, en utilisant les principales routes européennes de distribution et en établissant des bases dans des zones stratégiques proches de ports majeurs comme Anvers, Rotterdam et Hambourg. Ces organisations fonctionnent à la fois comme fournisseurs de drogue et comme distributeurs, possédant une forte présence dans plusieurs pays européens, avec des liens solides auprès des trafiquants internationaux.
En conclusion, la mafia albanaise se profile aujourd’hui comme une force criminelle extrêmement redoutable, bénéficiant d’une organisation efficace et d’une capacité d’adaptation qui lui permettent d’étendre ses activités en Europe et au-delà.

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Les interdictions anti-mafia contre des entreprises

Les mesures d’interdiction anti-mafia visent à empêcher l’implication des entreprises liées à des organisations criminelles dans les appels d’offres publics. Au premier semestre 2023, 314 sociétés ont été visées par ces interdictions.
La Campanie est la première concernée avec 77 sociétés ; puis l’Émilie-Romagne (très infiltrée par la ‘Ndrangheta, et notamment la clan Grande Aracri de Cutro) avec 53 interdictions ; 45 en Sicile ; 27 dans le Latium et 26 en Calabre.

Voir le rapport ici
ou https://direzioneinvestigativaantimafia.interno.gov.it/wp-content/uploads/2024/06/Rel-Sem-I-2023.pdf

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