Étude sur les violences liées aux drogues en Belgique

Vlaams Vredesinstituut - Belgique | Décembre 2024

L’Institut flamand pour la paix (Vlaams Vredesinstituut) a publié un rapport « Violence liée aux drogues en Belgique : Intimidation, réputation et le monde souterrain » (Drugsgeweld in België: Intimidatie, reputatie en de onderwereld) qui met en lumière l’interconnexion entre les marchés de la drogue, les organisations criminelles et l’augmentation de la violence systémique. Les réseaux criminels opérant en Belgique sont divers et souvent interconnectés : des organisations belges, néerlandaises, albanaises (ces derniers jouent un rôle croissant dans la production et la distribution de cannabis), mais aussi la ‘Ndrangheta. Les réseaux collaborent pour maximiser leur efficacité, partageant expertise et ressources. Ces revenus permettent aux organisations criminelles d’infiltrer les institutions publiques et d’exercer une influence économique.

La Belgique, en raison de sa situation géographique et de la présence du port d’Anvers, est une plaque tournante pour le trafic de drogues :
– Cocaïne : le port d’Anvers est un point clé pour l’importation de cocaïne provenant d’Amérique latine. Entre 2017 et 2023, les saisies dans ce port ont triplé, atteignant 116 tonnes en 2023.
– Cannabis : bien que cultivé localement, une part importante provient du Maroc. le trafic est dominé par des réseaux belges, néerlandais et albanais.
– Drogues de synthèse : La Belgique et les Pays-Bas sont des centres majeurs de production, alimentant les marchés européens et mondiaux.

Quelques enseignements :
– Entre janvier 2022 et juin 2024, 67 incidents liés aux armes à feu ont été enregistrés, à 70% à Bruxelles et Anvers. Les cibles sont souvent des propriétés ou des individus liés au trafic. Les armes de poing représentent la majorité des armes saisies (62 %), suivis par des fusils automatiques et des armes modifiées.
– L’usage de grenades et d’explosifs artisanaux a augmenté, surtout à Anvers, où la moitié des attaques avec explosifs en 2023 ont eu lieu. Initialement, les grenades (souvent issues des Balkans) dominaient, mais elles sont progressivement remplacées par des engins artisanaux comme les bombes au feu d’artifice (Cobra) et les cocktails Molotov.
– Les analyses montrent une augmentation des armes modifiées, comme des pistolets d’alarme rendus fonctionnels.
– Autres formes de violences : intimidations par incendies criminels ; affrontements à l’arme blanche, notamment à Liège ; enlèvements et tortures brutales.
– Facteurs influant sur la violence : la concurrence accrue entre groupes pour le contrôle des territoires ou des canaux d’approvisionnement ; l’augmentation des saisies policières perturbe le marché, déclenchant des représailles violentes.
– Les jeunes sont de plus en plus impliqués, notamment dans l’utilisation de feux d’artifice ou d’explosifs artisanaux, qu’ils maîtrisent souvent grâce à leurs expériences personnelles.
– Augmentation de la violence visible : la violence dépasse les cercles criminels, touchant parfois des innocents. L’escalade est alimentée par des conflits de territoire et des représailles.
– Les dynamiques belges sont influencées par les pratiques et les réseaux néerlandais, notamment dans l’utilisation d’explosifs.

Le rapport met en garde contre l’impact de cette violence sur la sécurité publique, avec des dommages collatéraux touchant des innocents. Les explosions et fusillades affectent les communautés locales, augmentant le sentiment d’insécurité.
Les zones de violences :
– Anvers (centre névralgique pour la cocaïne) : les violences incluent des tirs sur des bâtiments et des attaques à l’explosif, souvent pour des intimidations ou règlements de comptes.
– Bruxelles : violence interpersonnelle élevée, notamment dans les zones publiques, avec un nombre croissant de jeunes impliqués dans des incidents violents.
– Liège : émergence d’armes blanches et d’incidents liés à la drogue.
– Certaines régions comme Sint-Niklaas ou le Brabant voient émerger des signes de cette violence, bien qu’elle reste limitée pour l’instant.
– Zones rurales utilisées pour des plantations de cannabis ou des laboratoires clandestins.

Pour lutter contre cette violence, le rapport recommande des politiques renforcées axées sur la prévention, le contrôle des armes, et une collaboration internationale accrue. Les autorités doivent également adopter une approche intégrée pour perturber les réseaux criminels sans exacerber les tensions locales.

Voir l’étude ici
ou https://vlaamsvredesinstituut.eu/wp-content/uploads/2024/12/20241203-VVI-rapport-drugsgeweld_BE_-web.pdf

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