Un rapport publié par le Département de la Justice des États-Unis et l’ATF (Bureau fédéral des alcools, tabacs, armes à feu et explosifs) met en évidence le rôle des États-Unis dans le trafic illégal d’armes vers le Mexique, qui alimente la violence des cartels de la drogue. Selon l’Évaluation nationale du commerce et du trafic d’armes à feu (NFCTA), 74% des armes utilisées par les groupes criminels au Mexique proviennent des États-Unis, principalement des États de l’Arizona, de la Californie, du Nouveau-Mexique et du Texas.
Les armes, notamment des armes de poing et des fusils, sont transportées illégalement vers les États mexicains frontaliers tels que Sonora, Baja California, Chihuahua, Nuevo León et Tamaulipas, mais aussi vers des régions plus éloignées comme Guanajuato. Les routes principales de trafic d’armes suivent celles de l’Arizona vers Sonora, du Texas vers Tamaulipas, et du Texas vers d’autres États, comme Nuevo León et Guanajuato. Ces armes sont utilisées principalement par les cartels de Sinaloa (CdS) et du Cartel Jalisco Nouvelle Génération (CJNG), qui ont une présence dominante dans les régions où ces armes sont retrouvées.

Le rapport met également en lumière le rôle des armes de fabrication privée (PMF), qui sont souvent utilisées par les cartels. Ces armes sont généralement dépourvues de numéros de série et obtenues sans vérification des antécédents des acheteurs, ce qui les rend difficiles à tracer. Parmi les armes retrouvées, les pistolets représentent 50% des saisies, suivis par les fusils (33%), les révolvers (9%) et les fusils à pompe (6%). Les armes de guerre, telles que les mitrailleuses, représentent également une proportion importante des armes exportées annuellement, principalement achetées illégalement aux États-Unis et envoyées vers le Mexique.

Le rapport arrive à un moment où les relations entre les États-Unis et le Mexique sont tendues, en particulier avec les menaces du nouveau président Donald Trump, qui a promis de désigner les cartels mexicains comme des organisations terroristes. Cependant, la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a souligné l’importance de continuer à collaborer avec les États-Unis pour lutter contre ces problèmes, en se concentrant notamment sur le trafic d’armes entrant illégalement au Mexique, ce qui contribue à la violence dans le pays.

Depuis 2021, le gouvernement mexicain a demandé une augmentation des demandes de traçage d’armes, avec une hausse de 25% des demandes entre 2021 et 2023. Le Mexique estime que 200.000 armes en provenance des États-Unis sont introduites illégalement chaque année sur son territoire. En réponse à cette situation, le Mexique a intenté un procès en 2021 contre 11 entreprises américaines de fabrication d’armes, les accusant de négligence et de pratiques commerciales illégales facilitant le trafic d’armes vers le Mexique. Bien que la demande n’ait pas encore abouti, une décision judiciaire en janvier 2024 a permis de confirmer qu’il est possible de poursuivre ces fabricants en justice, marquant un tournant dans les efforts légaux du Mexique pour stopper ce flux d’armement illégal.

Voir le rapport ici
ou https://www.atf.gov/firearms/national-firearms-commerce-and-trafficking-assessment-nfcta-firearms-trafficking