Étude de l'ONUDC sur le trafic de drogue en Irak
ONUDC | Juillet 2024L’ONUDC (Office des Nations-Unies contre la Drogue et le Crime) a publié une étude sur les dynamiques du trafic de stupéfiants à travers l’Irak et le Moyen-Orient.
La dynamique du trafic de drogue en Irak a connu une évolution marquée ces dernières années, faisant du pays un carrefour clé pour le trafic de stupéfiants à l’échelle régionale. Plusieurs facteurs (instabilité politique, conflits armés répétés, position géographique, proximité avec des pays producteurs et consommateurs) ont facilité l’implantation de réseaux de trafic transnationaux en Irak. Les drogues les plus impliquées dans ces flux sont le captagon et la méthamphétamine, bien que d’autres substances, comme l’héroïne et la résine de cannabis, circulent également sur le territoire.
Sur le territoire irakien, des groupes criminels exploitent des routes bien établies reliant l’Afghanistan, l’Iran et la Syrie à l’Arabie saoudite et au Koweït. En 2023, près de 24 millions de comprimés de captagon ont été saisis sur le territoire, représentant une hausse considérable depuis 2019. En parallèle, la saisie de méthamphétamine a presque sextuplé sur la même période.
Les routes de trafic à travers l’Irak se divisent en trois grands corridors (voir la carte ci-dessous) :
– Le corridor nord (en rose) : traversant le Kurdistan irakien et reliant l’Iran, la Turquie et la Syrie, il est principalement utilisé pour la contrebande d’opium, d’héroïne et de méthamphétamine.
– Le corridor central (en vert) : reliant la frontière syrienne à l’Irak central, notamment à travers la province d’Al-Anbar, il est dominé par le trafic de captagon.
– Le corridor sud (en bleu) : emprunté pour le transport de méthamphétamine et de résine de cannabis, reliant l’Irak aux marchés du Golfe via l’Arabie saoudite et le Koweït.
Le marché irakien est marqué par une montée en puissance du captagon, principalement fabriqué en Syrie et au Liban, et destiné aux pays du Golfe. Bien que l’Irak ne soit pas le principal marché de consommation, il joue un rôle croissant dans le stockage et la redistribution de cette drogue. Des laboratoires clandestins ont été identifiés dans le sud du pays en 2023, ce qui indique une tentative d’industrialisation de la production.
Concernant la méthamphétamine, les saisies ont fortement augmenté en 2023, atteignant plus de 1.277 kilos. L’origine de la drogue semble évoluer, avec une part croissante provenant d’Afghanistan via l’Iran, en plus des circuits traditionnels reliant l’Asie du Sud-Est et l’Irak.
Les trafiquants utilisent diverses stratégies pour échapper aux autorités :
– Transport maritime et aérien : l’Irak sert de point de transit pour des cargaisons dissimulées dans des navires et des avions à destination des marchés du Golfe.
– Utilisation de drones : pour contourner les frontières sécurisées, les trafiquants utilisent des drones pour larguer des cargaisons de captagon et de méthamphétamine au-delà des lignes de contrôle.
– Camps de réfugiés et zones de conflit : les régions instables facilitent la mise en place de caches et de circuits de distribution difficilement contrôlables.
Face à l’essor du trafic, l’Irak a mis en place plusieurs initiatives pour tenter de contenir le phénomène :
– Renforcement des lois : depuis 2017, une nouvelle législation encadre les peines pour trafic et consommation de stupéfiants. En 2023, plus de 7.000 personnes ont été arrêtées pour trafic.
– Coopération régionale : l’Irak collabore avec ses voisins pour lutter contre le trafic. En 2023, un sommet a réuni plusieurs pays du Moyen-Orient pour améliorer le contrôle des frontières et harmoniser les stratégies anti-drogue.
– Création de centres de désintoxication : bien que longtemps absente, une infrastructure de soins commence à émerger avec l’ouverture de plusieurs cliniques en 2023.
Malgré ces efforts, plusieurs obstacles compliquent la lutte contre le trafic de drogue en Irak :
– Corruption : des complicités au sein des forces de l’ordre et des administrations locales affaiblissent les initiatives de lutte.
– Influence des groupes armés : des factions opérant en Irak, notamment des résidus de l’État Islamique, pourraient exploiter ce commerce pour financer leurs activités.
– Demande croissante : la consommation locale, bien qu’encore marginale, augmente, notamment dans les zones urbaines et parmi les jeunes.
Voir le rapport ici
ou https://www.unodc.org/documents/data-and-analysis/Iraq/Iraq_regional_dynamics_report_2024.pdf
Saisies de captagon et de méthamphétamine au Moyen-Orient 2019-2023
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