Publication d'un rapport sur la criminalité financière et économique
Secretariat Advisors - États-Unis | Avril 2025Secretariat, un cabinet de conseil basé à Atlanta (Géorgie), a publié son rapport 2025 sur la criminalité financière et économique mondiale.
La rapport s’ouvre sur une présentation de l’état général de cette criminalité appuyée sur des données du FMI, du Nasdaq et du forum économique de Davos. Ainsi, les estimations avancent que 2 à 5% du PIB mondial est blanchi chaque année, que 3.000 milliards de dollars d’argent sale ont circulé dans le système financier mondial en 2023 et que seulement 1% de cet argent est saisi ou gelé par les autorités compétentes.
Le rapport souhaite en partant de ce postulat évaluer les facteurs de risque ou de sécurité par rapport à ces crimes dans chaque État, en se basant premièrement sur deux indicateurs comparés : le blanchiment d’argent et la corruption.
L’analyse comparative de ces deux facteurs montre une corrélation logique entre la corruption et le blanchiment d’argent, avec cependant des exceptions notables. Des États peu touchés par la corruption peuvent être sujets à d’importants risques de blanchiment, c’est le cas de beaucoup de places fortes de la finance comme le Luxembourg, la Suisse, qui ont une indéniable tradition de secret bancaire, ou encore Hong-Kong et Singapour.
Le cabinet de conseil ajoute alors un nouveau facteur : le crime organisé qui, couplé à la corruption et au blanchiment d’argent complète le SECI (Secretariat Economic Crime Index), un indice basé sur les données des Organised Crime Index, Corruption Perception Index ou Based AML Index.
Le SECI se situe sur un intervalle de 0 (risque minimal) à 4 (risque maximal) et les 177 pays classés sont divisés en 4 groupes selon leur score sur cet indice.
L’indice SECI est alors comparé graphiquement à l’indice d’efficacité des gouvernements qui mesure la qualité des services publics, la mise en œuvre des politiques et la force des institutions.
Puis au PIB par habitants des pays, mesurant leur développement économique.
Sans surprise, le développement économique des pays fait baisser la criminalité économique et financière. De la même manière l’effectivité gouvernementale fait baisser l’indice, à l’exception d’États exposés à de lourds flux illicites financiers comme le Qatar, les Émirats Arabes Unis, Hong-Kong, Malte ou Chypre. Ainsi que des États à forte démographie comme l’Inde, la Chine, l’Indonésie et le Pakistan.
Le rapport fait alors lieu de différentes dynamiques clés de la criminalité économique et financière pour l’année 2025 :
Les risques liés aux actifs virtuels : Les actifs virtuels, comme les cryptomonnaies, posent des risques importants en matière de fraude et de blanchiment d’argent. Les criminels utilisent des techniques sophistiquées pour cacher l’origine des fonds illicites, notamment via des mixeurs et des ponts inter-chaînes. Le rapport prévoit une augmentation des fraudes liées aux cryptomonnaies, avec des pertes estimées à plus de 100 milliards de dollars d’ici 2030. Les régulateurs renforcent la surveillance, et les institutions financières adoptent des analytiques de blockchain avancées pour contrer ces menaces.
La surveillance des transactions en temps réel : La surveillance des transactions en temps réel (RTTM) est essentielle pour détecter et répondre rapidement aux activités suspectes. Les systèmes RTTM, combinés avec des capacités analytiques avancées et l’IA, permettent une détection précise des anomalies et une réduction des faux positifs. Le rapport souligne l’importance de ces systèmes pour améliorer la détection des fraudes et protéger les données privées.
L’intégration des technologies réglementaires (RegTech) : Les technologies réglementaires (RegTech) simplifient la conformité en automatisant les processus de connaissance du client, de lutte contre le blanchiment d’argent et de déclaration. L’intégration de la RegTech avec d’autres outils, comme la blockchain, améliore la transparence et l’intégrité des données. Le rapport mentionne des exemples de réussite, comme l’adoption de la plateforme ARIC par HSBC, qui a considérablement amélioré l’efficacité de la surveillance des transactions.
Le développement de la biométrie comportementale pour la détection des fraudes : La biométrie comportementale analyse les interactions des utilisateurs avec les dispositifs pour détecter les anomalies en temps réel. Cette technologie est particulièrement efficace pour identifier les cas de prise de contrôle de compte et les fraudes par usurpation d’identité. Cependant, cette technologie se heurte avec les lois sur la protection des données.
Le financement de la prolifération nucléaire : Le financement de la prolifération (PF) est une préoccupation croissante, impliquant l’utilisation des systèmes financiers pour financer la prolifération des armes de destruction massive. Les régulateurs et les institutions financières doivent renforcer leurs cadres pour détecter et prévenir ces activités illicites. Le rapport mentionne des initiatives internationales, comme les efforts du groupe d’action financière pour lutter contre la prolifération.
Convergence des sanctions et des cadres AML/CFT : L’évasion des sanctions est devenue un risque financier systémique, nécessitant une approche intégrée de la conformité. Les régulateurs fusionnent les efforts de lutte contre le blanchiment d’argent et les sanctions pour créer une approche unifiée et basée sur le renseignement. Le rapport souligne l’importance de cette convergence pour isoler les acteurs illicites et protéger l’intégrité du système financier international.
L’augmentation de la délinquance en col blanc et des menaces externes : Les fraudes en col blanc, y compris la cyberfraude, la corruption et la fraude financière, continuent de poser des défis significatifs. Le rapport met en lumière des tendances émergentes, comme les schémas de cartes prépayées et les menaces internes, et souligne l’importance de la vigilance et des contrôles robustes pour atténuer ces risques.
Le partage de données transfrontalières : Le partage de données transfrontalières est crucial pour lutter contre la criminalité financière. Le rapport discute des progrès réalisés dans la coopération internationale et des défis persistants, comme l’inadéquation de la mise en œuvre des recommandations de la FATF sur la transparence des bénéficiaires effectifs. Le renforcement de la collaboration transfrontalière et des cadres réglementaires est essentiel pour combattre efficacement la criminalité financière.
L’intégration des facteurs ESG : L’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans la prévention de la criminalité financière devient de plus en plus importante. Le rapport souligne que les entreprises doivent adopter des pratiques ESG robustes pour atténuer les risques liés à la fraude et à la corruption. Les régulateurs et les investisseurs exigent de plus en plus de transparence et de responsabilité en matière de pratiques ESG.
Voir le rapport ici
ou https://secretariat-intl.com/wp-content/uploads/2025/04/Secretariat-Global-Financial-and-Economic-Crime-Outlook-2025.pdf
Par Gabriel Buffière
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