Yukon : la criminalité organisée en expansion

Publié le 10.04.25

Un rapport sur le crime organisé dans le Territoire du Yukon a récemment été produit. Bien que le contenu complet n’ait pas été rendu public ni transmis aux médias, plusieurs éléments en ont été communiqués par le responsable de l’unité de réduction de la criminalité de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC, la police fédérale) au Yukon.

 

Le Yukon est un territoire situé dans le nord-ouest du Canada : 480.000 km² pour 45.000 habitants. Il partage ses frontières avec l’Alaska (États-Unis) à l’ouest, les Territoires du Nord-Ouest à l’est et la Colombie-Britannique au sud. Sa capitale, Whitehorse, concentre l’essentiel de la population du territoire, qui demeure très peu densément peuplé. Le Yukon est accessible par voie aérienne avec des vols réguliers, et les routes principales y sont praticables en toute saison. Cette combinaison d’accessibilité, de faible surveillance territoriale et de forte dispersion résidentielle constitue un environnement que les groupes criminels peuvent exploiter avec une relative discrétion.

Le rapport confirme que le crime organisé est actif dans le territoire, et que les préjudices sociétaux qui en découlent semblent en augmentation, malgré une diminution des décès liés aux opioïdes. Le document mentionne l’existence de cinq réseaux de crime organisé présents dans la région. Ces réseaux n’ont pas été nommés, mais des liens sont établis avec des groupes situés dans d’autres provinces, en particulier en Ontario et dans le sud de la Colombie-Britannique.

Le rapport met en évidence des formes de coordination entre groupes habituellement considérés comme rivaux. Il est indiqué que des individus associés à différents groupes coopèrent sur le territoire, et que la circulation régulière de ces acteurs rend leur identification plus difficile. Ces personnes opèrent souvent par roulement, ce qui signifie que les visages changent fréquemment.
L’utilisation de logements de courte durée ou de résidences appartenant à des habitants du Yukon est décrite comme une pratique courante. Ces logements sont utilisés comme base pour les activités de trafic. Il est précisé que les personnes locales peuvent être payées ou exploitées en fonction de leur situation de dépendance, voire faire l’objet de pressions.

Le modèle de trafic de drogue observé repose principalement sur un système de livraison sur appel, qualifié de dial-a-dope. Les personnes impliquées utilisent des véhicules de location ou des voitures empruntées à des habitants. Le personnel local qui collabore avec les groupes criminels est désigné sous le terme de « nominees ». Leur rôle peut consister à stocker des drogues ou d’autres objets illicites à leur domicile, ou à prêter leur adresse pour la réception de colis.

Il est mentionné que Postes Canada constitue l’un des moyens les plus utilisés pour acheminer les drogues dans le Territoire. L’argent liquide est quant à lui expédié en sens inverse par le même canal.

Le responsable de l’unité de réduction de la criminalité a souligné que ce dernier rapport est plus complet que le précédent de 2022. Cette amélioration est attribuée au travail mené depuis 2019 par cette unité, dont la mission consiste à réaliser des enquêtes antidrogue de terrain, de courte durée, mais en volume élevé.

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