Publication du rapport antimafia italien sur l'année 2024
Direzione Investigativa Antimafia | Mai 2025La Direction des Enquêtes Antimafia (Direzione Investigativa Antimafia, DIA) a publié son rapport pour l’année 2024.
Les organisations mafieuses poursuivent leur adaptation aux mutations économiques, développant non seulement leurs capacités entrepreneuriales mais aussi un réseau croissant de relations, notamment dans les zones à forte densité économique, où elles profitent d’une complicité active de certains chefs d’entreprise (factures fictives pour couvrir les paiements illicites), créant un système dans lequel la dénonciation d’extorsion devient économiquement défavorable.
Le secteur public continue d’être une cible stratégique pour les organisations mafieuses, qui entretiennent des liens avec des fonctionnaires corrompus attirés par la perspective de gains illicites. En février 2024, une enquête de la Guardia di Finanza à Reggio Calabria et Vibo Valentia a révélé l’implication de douaniers dans un trafic international de drogue pour le compte de la ’Ndrangheta. À Turin, un dirigeant syndical a favorisé l’embauche de proches de clans calabrais. Par ailleurs, l’ASP (Azienda Sanitaria Provinciale, Agence Sanitaire Provinciale) de Vibo Valentia a été placée sous administration extraordinaire à la suite de l’identification d’un réseau d’infiltration mafieuse dans l’attribution des marchés publics.
En juillet 2024, à Milan, la DIA a procédé à des arrestations liées à la manipulation d’appels d’offres financés par le PNRR (Piano Nazione di Ripresa e Resilienza, plan stratégique financé par l’Union européenne pour relancer l’économie italienne après la pandémie de Covid-19), avec constitution de sociétés écran pour le compte de groupes liés à Cosa Nostra. Ces manœuvres s’ajoutent à la coopération déjà connue entre mafias italiennes et groupes sud-américains pour l’importation de stupéfiants. L’opération Tornado, menée à Brescia en septembre 2024, a visé un groupe criminel à majorité albanaise impliqué dans le trafic de cocaïne, le blanchiment et des délits fiscaux.
Les autorités judiciaires relèvent aussi un intérêt croissant de la criminalité organisée pour le cyberespace, désormais structurant dans le fonctionnement des groupes criminels. La criminalité et le terrorisme utilisent des compartiments entiers d’intelligence criminelle numérique pour surveiller ou anticiper les enquêtes. Il existe une organisation active en Italie, Lituanie et Lettonie, liée à la ’Ndrangheta et aux Casalesi (fédération de clans camorristes), qui blanchissait des fonds en utilisant des cryptomonnaies et le dark web.
Face à cette sophistication, les dispositifs traditionnels basés sur l’intimidation et l’omertà doivent être repensés. Le recours aux mesures de prévention patrimoniale et aux confiscations reste central, tout comme le renforcement des contrôles administratifs.
organisations mafieuses continuent aussi d’exploiter les situations d’urgence, comme la crise de l’eau en Sicile, où des clans ont contrôlé la distribution d’eau en imposant des surtaxes ou en s’appropriant la gestion de la distribution domestique. Le système d’alliances entre groupes criminelles permet aux mafias de recycler massivement des capitaux, faussant la concurrence au détriment des entreprises saines.
L’année 2024 confirme aussi la faible réinsertion sociale des mafieux incarcérés, qui rejoignent rapidement leur clan à la sortie de prison. Même les chefs soumis au régime de haute sécurité conservent leur autorité et transmettent des ordres via des proches. C’est ce qu’ont révélé les enquêtes postérieures à la mort de Matteo Messina Denaro, décédé en détention en septembre 2023. Plusieurs membres de son entourage ont été arrêtés pour l’avoir aidé à se déplacer, se soigner et maintenir son anonymat, tandis que d’autres ont été condamnés pour avoir fait partie de son réseau logistique.
À Naples, l’enquête du 17 décembre 2024 contre 53 affiliés du clan Amato-Pagano a révélé un usage massif des réseaux sociaux pour afficher richesse, voitures de luxe et yachts afin de renforcer leur prestige criminel. Cette ostentation exerce une forte attraction sur les jeunes des quartiers défavorisés. Le phénomène des baby gangs, lié à une profonde crise éducative et sociale, inquiète particulièrement. C’est dans ce contexte qu’a été adoptée en novembre 2023 la loi 159/23, dite « Décret Caivano », pour lutter contre la criminalité juvénile à travers des mesures éducatives, sociales et de sécurité ciblées dans les périphéries urbaines.
- La ‘Ndrangheta
La ‘Ndrangheta se confirme comme l’organisation criminelle la plus structurée et influente de l’Italie, notamment grâce à sa capacité à adapter son mode opératoire aux contextes économiques et territoriaux. Elle combine une stratégie entrepreneuriale agressive, fondée sur l’investissement dans les secteurs fragiles de l’économie légale, avec un rôle de premier plan dans le narcotrafic international. Son modèle opérationnel repose sur l’infiltration progressive dans le tissu économique, en s’imposant comme partenaire financier alternatif pour les entreprises en crise, souvent avec la complicité tacite ou explicite des acteurs économiques concernés. Ce mécanisme permet à la fois le blanchiment de capitaux illicites et l’accaparement de parts de marché légitimes, favorisant une altération profonde des règles de la libre concurrence.
La force de la ‘Ndrangheta repose aussi sur la solidité de ses liens familiaux, qui assurent la continuité de ses structures et limitent historiquement le phénomène des repentis. Toutefois, les dernières années ont vu une hausse significative de collaborations avec la justice, y compris de la part de témoins non affiliés, révélant de nouvelles dynamiques internes. Le système reste fondé sur un équilibre entre continuité clanique et expansion externe par le biais de relations collusives avec élus locaux, entrepreneurs et fonctionnaires. Ces alliances servent à étendre l’influence mafieuse dans les circuits économiques légaux tout en évitant les signaux d’alerte classiques des services de contrôle.
Les enquêtes des forces de l’ordre ont mis en lumière des tentatives d’infiltration dans tous les secteurs économiques majeurs, tant en Calabre que dans le reste du pays, notamment dans la construction, l’agroalimentaire, la grande distribution, les jeux en ligne, les transports, les déchets, la restauration et le tourisme. Le Nord de l’Italie n’est pas épargné, avec des implantations croissantes dans l’hôtellerie, les matières plastiques, l’informatique et la logistique.
La stratégie de la ‘ndrangheta s’appuie également sur le contrôle du système public via la corruption, l’intimidation ou le conditionnement des processus décisionnels, notamment dans les collectivités locales. L’échange politique-mafieux constitue un outil clé pour garantir un accès continu aux ressources et au pouvoir. a profondeur des connexions mafieuses dans l’appareil administratif.
Malgré l’importance accrue des mécanismes collusifs et économiques, la violence reste un instrument essentiel de domination locale. Les actes d’intimidation, agressions contre représentants de l’État ou entrepreneurs, et tentatives de meurtre perdurent. L’organisation ne néglige pas non plus l’accès aux aides publiques, notamment dans les périodes de crise, en usurpant des dispositifs d’aide économique.
Les coopérations ponctuelles avec d’autres mafias, tant italiennes qu’étrangères, permettent à la ‘Ndrangheta de renforcer sa position sur les marchés criminels. Son rôle central dans les réseaux internationaux de trafic de cocaïne est reconnu, notamment grâce à sa capacité logistique, sa fiabilité financière et sa présence portuaire, en particulier à Gioia Tauro, où plus de 3,8 tonnes de cocaïne ont été saisies en 2024. En parallèle, on constate une expansion des cultures de marijuana sur le territoire italien.
L’implantation de la ‘Ndrangheta au Nord et à l’étranger suit une logique de reproduction structurelle. On dénombre au moins 48 locali (circonscription mafieuses rassemblant au moins 49 mafieux sur un même territoire) en dehors de la Calabre, dont les composantes conservent une dépendance formelle au Crimine de Polsi, organe de coordination supérieur. Le modèle se présente comme une confédération d’entités autonomes mais soumises à un code commun.
À l’international, la ‘Ndrangheta a profité de la sous-estimation de sa dangerosité pour s’établir dans plusieurs pays, notamment en Europe du Nord, investissant dans l’immobilier, le commerce et la finance. Sa capacité à s’adapter aux législations locales et à agir dans des juridictions peu coopératives lui a permis de développer un maillage transnational efficace. Les longues cavales de certains chefs en sont la preuve. Le projet I-CAN (Interpol Cooperation Against ’Ndrangheta), mené avec Interpol, a permis l’arrestation de nombreux fugitifs en 2024, dont certains localisés au Brésil, en Colombie, au Liban, en République dominicaine ou en Géorgie.

Ville de Reggio de Calabre

Province de Reggio de Calabre – Mandamento Centre

Province de Reggio de Calabre – Mandamento Thyrénien

Province de Reggio de Calabre – Mandamento Ionien

Province de Catanzaro (Calabre)

Province de Vibo Valentia (Calabre)

Province de Crotone (Calabre)

Province de Cosenza (Calabre)
- Cosa Nostra et Stidda
En Sicile, Cosa Nostra (et la Stidda) incarne une criminalité enracinée dans l’histoire sociale et politique de l’île. Bien que les actions répressives de l’État aient affaibli le pouvoir centralisé de Cosa Nostra, notamment à travers l’arrestation de hauts responsables et la saisie de patrimoines illicites, les structures mafieuses demeurent actives, capables de se recomposer et d’infiltrer divers secteurs économiques. À Palerme et dans l’ouest de la Sicile, l’absence prolongée d’une direction unique a entraîné des recompositions entre anciennes et nouvelles générations, selon une gouvernance horizontale et partagée. La Stidda, traditionnellement rivale, collabore désormais ponctuellement avec Cosa Nostra, notamment dans le sud de l’île.
Dans la partie orientale de la Sicile, notamment à Catane, la mafia locale adopte des dynamiques plus flexibles et opportunistes. Elle entretient des relations mouvantes avec d’autres groupes mafieux locaux, alternant phases de paix et tensions violentes. Cette cohabitation criminelle à géométrie variable se retrouve également à Messine, Siracuse et Raguse, où les pratiques de la Cosa Nostra palermitaine coexistent avec les influences des groupes de Catane et de la Stidda de Gela.
La diaspora sicilienne a permis à Cosa nostra d’étendre son influence au-delà des frontières italiennes. Des groupes structurés ont vu le jour en Europe (notamment en Belgique, Espagne et Allemagne) et sur le continent américain (États-Unis, Canada, Venezuela, Brésil), entretenant des liens étroits avec les familles siciliennes. Des connexions sont encore actives, comme le montrent les contacts entre la mafia sicilienne et la Famille mafieuse Gambino de New York. L’Espagne attire à nouveau l’attention des clans, en raison de son rôle croissant dans le trafic de cocaïne.
Cosa Nostra reste impliquée dans le trafic de drogues, collaborant avec la ‘Ndrangheta, la Camorra et des acteurs internationaux pour l’approvisionnement. L’extorsion demeure un levier de contrôle territorial, souvent exercé de manière moins violente qu’autrefois, par le biais de pressions commerciales. Le secteur des jeux et paris en ligne constitue une autre source de revenus et un outil de blanchiment. Parallèlement, les mafias pénètrent les circuits légaux : elles s’approprient des entreprises à travers des prête-noms ou des complices, faussent les décisions des institutions locales, et fraudent les aides publiques, notamment dans le secteur agroalimentaire.
Les autorités poursuivent une stratégie mixte, répressive et préventive. Les magistrats et les forces de l’ordre ciblent les structures financières de Cosa Nostra à travers des arrestations, des saisies et des mesures d’interdiction. En 2024, 201 interdictions antimafia ont été émises en Sicile. La majorité d’entre elles concerne l’ouest de l’île, dans les secteurs du bâtiment, de la restauration, des soins de santé, du transport routier, des services funéraires, de l’agriculture et des infrastructures.
Au-delà de la Sicile, l’influence de Cosa Nostra s’étend dans le nord de l’Italie, révèlant une capacité durable de projection et d’adaptation des structures mafieuses, y compris en dehors de leur bastion traditionnel. La surveillance administrative a permis d’identifier les relais familiaux et économiques de Cosa Nostra dans les circuits commerciaux du nord de l’Italie. Le pouvoir mafieux sicilien s’exprime donc toujours selon une double logique : maintien des structures identitaires traditionnelles dans l’île, et capacité d’adaptation souple dans les territoires extérieurs. Cosa Nostra reste un acteur criminel à fort ancrage territorial, tout en étant un acteur économique et logistique mobile, capable d’agir à l’échelle nationale et internationale.

Ville de Palerme

Province de Palerme

Province de Trapani (Sicile)

Province d’Agrigente (Sicile)

Province de Caltanissetta (Sicile)

Province d’Enna (Sicile)

Ville de Catane

Province de Catane

Province de Syracuse (Sicile)

Province de Raguse (Sicile)

Province de Messine (Sicile)
- la Camorra
Le terme « Camorra » désigne de manière générique l’ensemble des phénomènes mafieux actifs en Campanie, qui, bien que regroupés sous une même appellation, présentent des formes et des structures variables selon les contextes territoriaux. À côté de structures de petite envergure, souvent centrées sur des familles locales impliquées dans le trafic de stupéfiants et l’extorsion de commerces, on observe l’existence de groupes criminels beaucoup plus structurés, ayant évolué vers des formes d’organisation entrepreneuriales complexes. Ces groupes de plus longue tradition tissent entre eux des alliances stratégiques, formant parfois de véritables cartels ou confédérations, capables d’adopter des stratégies systémiques et de s’insérer dans le tissu socio-économique bien au-delà de leurs bastions traditionnels. Leur action vise l’infiltration des administrations locales par la corruption et la pénétration de l’économie légale à l’aide de chefs d’entreprises et de professionnels complices.
L’analyse des données met en évidence une diversification croissante des investissements mafieux dans plusieurs secteurs économiques. Le secteur du bâtiment et de l’immobilier, y compris les filières de production de béton et de matériaux de construction,est dominant, suivent les secteurs de la gestion des déchets, des pompes funèbres, du commerce de détail, de l’agroalimentaire, des services de conseil, du transport et du commerce de véhicules, des hydrocarbures, de la restauration, du tourisme et du bien-être.
La Camorra démontre aussi une forte capacité d’adaptation technologique. Certaines organisations utilisent désormais des outils de communication cryptés et des circuits financiers numériques sophistiqués pour recycler des fonds à l’échelle internationale. Une opération menée en février 2024 a mis au jour un réseau de blanchiment impliquant des plateformes électroniques lituaniennes et lettonnes, permettant la gestion anonyme de comptes, la création de sociétés écrans, l’émission de cartes de paiement non traçables et la manipulation de grandes quantités d’espèces.
La pénétration de la criminalité dans les prisons est également facilitée par l’introduction illégale de téléphones via des drones, permettant aux détenus d’organiser le trafic de stupéfiants ou de donner des ordres à leurs groupes extérieurs. Une vaste opération menée en mars 2024 a révélé un réseau impliquant plusieurs clans napolitains utilisant des drones modifiés fournis par une entreprise d’Avellino pour livrer téléphones, drogues et, dans un cas, une arme à feu dans 19 prisons du pays.
Les dynamiques mafieuses s’observent aussi dans les institutions locales, avec une ingérence systématique dans les appels d’offres publics. En 2024, plusieurs enquêtes menées à Caserte, Salerne et Avellino ont documenté des pratiques de corruption dans l’attribution de marchés publics. Même si certains cas ne montrent pas de lien direct avec des groupes mafieux, ils illustrent une vulnérabilité institutionnelle propice à l’infiltration criminelle.
Le trafic de drogue, les extorsions et l’usure demeurent les activités les plus rentables, même pour les petits clans. Mais des intérêts nouveaux apparaissent dans les secteurs du contrôle des ventes aux enchères immobilières et dans les fraudes fiscales via des sociétés fictives. Naples et Caserte restent les foyers principaux d’activité camorriste, où les grandes structures ont davantage une logique économique qu’une logique militaire.
Dans la ville de Naples, deux grands cartels dominent : l’Alliance de Secondigliano, incluant les familles Mallardo, Contini-Bosti et Licciardi, et le clan Mazzarella. Ces entités investissent dans des secteurs économiques stratégiques et exercent un contrôle indirect sur des groupes secondaires responsables des trafics de rue, en prélevant une part de leurs profits. Ces derniers, très violents, se disputent les marchés locaux de la drogue et des extorsions, causant régulièrement des fusillades en zones urbaines densément peuplées.
Dans les quartiers nord de Naples, d’autres clans historiquement enracinés restent actifs, notamment le clan Di Lauro et ses dissidents, réunis dans le cartel dit des Scissionnisti ou des Espagnols, dirigé par le clan Amato-Pagano. Leurs activités vont des extorsions à l’organisation d’enchères truquées, en passant par la gestion d’une caisse commune criminelle et la distribution de logements publics à leurs affiliés.
Parmi les groupes les plus puissants, le clan Moccia d’Afragola conserve une influence significative. Fort d’une structure confédérale, pyramidalement organisée, il opère dans plusieurs communes de la banlieue nord de Naples avec des ramifications jusqu’à Rome. Des sociétés liées à ce clan sont actives dans les déchets, la logistique, le e-commerce alimentaire et les loisirs pour enfants.
À Caivano, les clans Sautto-Ciccarelli et Gallo-Angelino contrôlaient jusqu’à récemment 22 points de vente de stupéfiants dans le Parco Verde, en lien avec les clans calabrais Mancuso et Varacalli. Une vaste opération menée le 1er octobre 2024 a abouti à l’arrestation de cinquante personnes. Des opérations d’expulsion d’habitations occupées illégalement par des familles mafieuses ont débuté en novembre. Le conseil municipal de Caivano reste administré par une commission extraordinaire.
À Casal di Principe, berceau du cartel des Casalesi, les trois principales factions, Bidognetti, Schiavone et Zagaria, se sont émancipées de la structure unitaire d’origine pour occuper des zones spécifiques : Casal di Principe pour les Schiavone, Castel Volturno pour les Bidognetti, Casapesenna pour les Zagaria. Chacune est dirigée par un responsable local et conserve des réseaux étendus dans l’économie légale et dans l’administration publique. Les activités liées aux Casalesi se retrouvent notamment dans le bâtiment, les déchets et les marchés publics.
Dans la province de Salerne, les clans locaux gagnent en autonomie et privilégient les trafics de drogue, l’usure et les affaires avec les entreprises. À Bénévent et Avellino, des clans familiaux se consacrent au trafic de drogue, aux extorsions et aux infiltrations dans les ventes aux enchères judiciaires.

Ville de Naples

Province nord de Naples

Province sud de Naples

Province est de Naples

Province de Caserte

Province de Salerne

Provinces d’Avellino et de Benevento
- Organisations mafieuses des Pouilles et de Basilicate
Le paysage mafieux des Pouilles se caractérise par la coexistence de plusieurs organisations criminelles autonomes, marquées par un fort dynamisme interne, alternant conflits et alliances en fonction des intérêts en jeu. On distingue traditionnellement trois types de mafias : la « camorra barese » (à Bari), les mafias foggiennes, et la Sacra Corona Unita (SCU). Bien que distinctes, ces entités coopèrent parfois de façon stratégique pour maximiser leurs profits illégaux. La camorra barese est constituée de nombreux clans indépendants, structurés de manière hiérarchique et influencés par la camorra napolitaine et la ‘Ndrangheta. Ces clans forment une sorte de fédération dans laquelle quelques groupes dominent. Ils contrôlent chacun un territoire, avec leurs chefs, lieutenants, exécutants et groupes armés. Malgré une certaine autonomie, les rivalités pour la domination territoriale engendrent souvent des violences. Ces groupes sont actifs dans le trafic de drogue, les extorsions, l’usure, le jeu illégal, la contrebande et les paris en ligne. Ils infiltrent également les secteurs économiques légaux tels que la construction, les transports, les déchets et les loteries, en s’appuyant parfois sur la corruption d’administrateurs publics. Dans la province de Barletta-Andria-Trani (BAT), une mafia influencée à la fois par la camorra barese et la mafia foggienne s’est développée. Ce territoire est marqué par une grande fragmentation et une criminalité variée, notamment dans le secteur agricole et les attaques de convois de transport de fonds, les enlèvements éclairs ou les vols à main armée, avec une capacité notable à recycler les profits dans divers secteurs économiques, dont le commerce pétrolier.
Les mafias foggiennes comprennent plusieurs entités : la Società Foggiana, la mafia garganica, la mafia sanseverese et la mafia cerignolana. Ces groupes sont implantés sur tout le territoire de la province de Foggia, divisé en quatre zones. La Società Foggiana, fédérée autour de trois groupes (Sinesi-Francavilla, Trisciuoglio-Tolonese et Moretti-Pellegrino-Lanza), se distingue par sa violence et sa capacité à infiltrer les secteurs des travaux publics, de la santé et de l’agriculture. La mafia garganica regroupe plusieurs clans implantés dans la région du Gargano, comme les Montanari, Lombardi-Romito-Ricucci, Perna-Iannoli et Raduano. Le clan Li Bergolis-Miucci, dominant dans la région, a manifesté un intérêt pour le secteur de la restauration. Le clan Lombardi-Romito-Ricucci est impliqué dans le secteur du transport, de l’agriculture et de la construction, et a des liens avec la ‘Ndrangheta. La mafia sanseverese, bien que dérivée de la Società Foggiana, est juridiquement reconnue comme entité mafieuse indépendante. Deux clans s’y opposent : Nardino et Testa-La Piccirella. Ils sont actifs dans la restauration et le commerce automobile, avec des ramifications jusque dans le Molise. La mafia cerignolana, dominée par le clan Piarulli, possède une puissance financière permettant un recyclage massif dans l’hôtellerie, les carburants, les supermarchés et le trafic de stupéfiants, d’armes, de véhicules et de métaux. Cette organisation est aussi spécialisée dans les braquages de fourgons blindés et les attaques de coffres-forts. L’ensemble de ces groupes coopère de manière opportuniste, avec des relations de soutien mutuel, y compris depuis les prisons où leurs chefs continuent à diriger via des téléphones portables clandestins. Ils sont au cœur du narcotrafic et du trafic de déchets, et leurs liens avec la Camorra napolitaine, la ‘Ndrangheta et les organisations albanaises leur offrent des canaux d’importation privilégiés. Les mafias foggiennes ont également infiltré des communes locales, provoquant plusieurs dissolutions administratives depuis 2016.
La Sacra Corona Unita (SCU), originaire de la région du Salento, notamment des provinces de Lecce et Brindisi, comprend des clans comme Briganti, Pepe-Penza, Tornese, Politi, Rizzo, Nocera, Padovano, ainsi que ceux de Brindisi comme Vitale/Pasìmeni, Buccarella/Campana, Bruno et Brandi-Morleo. Ces groupes ont une structure familiale marquée et investissent dans l’hôtellerie, le transport, la désinfection, les travaux de terrassement ou la distribution de machines électroniques. Malgré la détention de certains de ses chefs, la SCU continue à fonctionner efficacement grâce au soutien de proches en liberté. Son activité principale reste le trafic de stupéfiants, alimenté par des circuits d’approvisionnement albanais, espagnols et calabrais.
Bien que les alliances et conflits internes entraînent une évolution constante des structures, les groupes tendent vers une criminalité économique, réinvestissant les gains dans la restauration, la location de voitures et d’autres secteurs pour influencer l’économie légale. Les liens entre les clans restent solides, mais parfois précaires, comme le montrent divers actes criminels. Des attentats incendiaires récents contre des personnes sans casier judiciaire ni fonctions publiques témoignent d’une pression mafieuse diffuse. Les groupes, généralement familiaux, sont implantés dans les petits villages, enracinés localement.

Ville de Bari (Pouilles)

Province de Bari (Pouilles)

Province de Barletta-Andria-Trani (Pouilles)

Province de Foggia (Pouilles)

Province de Lecce (Pouilles)

Province de Brindisi (Pouilles)

Province de Tarente (Pouilles)
En Basilicate, le panorama mafieux est marqué par des groupes locaux fragmentés, sans structure hiérarchique claire, influencés par les mafias des régions voisines. Dans la province de Matera, les groupes de Tarente ont historiquement pénétré la zone, créant des alliances avec les organisations locales et calabraises. Ils cherchent à contrôler les flux illicites entre Pouilles et Calabre, principalement le trafic de drogue. Dans l’arrière-pays de Potenza, les anciens alliés de la Camorra ont évolué vers des groupes issus des Basilischi, fortement liés à la ‘Ndrangheta, et actifs dans l’extorsion, le trafic de drogue, les braquages et l’usure. Ces groupes utilisent des prête-noms pour camoufler la propriété d’entreprises dans des secteurs variés comme le nettoyage, le transport, la restauration, la construction, les services touristiques et le commerce. Les interdictions administratives et mesures de prévention illustrent leur infiltration dans l’économie légale. Les mafias de Basilicate visent clairement à exploiter les financements publics et à manipuler les marchés économiques régionaux pour servir leurs intérêts criminels.

Provinces de Potenza et Matera (Basilicate)
- Organisations mafieuses « non-traditionnelles » du Latium
Le Latium, et particulièrement la ville de Rome, présente un paysage criminel singulier où coexistent des formes traditionnelles et atypiques de criminalité organisée. La région ne constitue pas historiquement un bastion de mafia au sens classique comme la Sicile, la Calabre ou la Campanie, mais elle abrite depuis plusieurs décennies un ensemble hétérogène de clans qui, bien que n’ayant pas toujours une reconnaissance judiciaire explicite du caractère mafieux, opèrent avec des méthodes d’intimidation, de contrôle du territoire et d’infiltration économique qui répondent pleinement aux canons de la mafia. Le contexte romain se distingue par la présence de groupes familiaux enracinés, notamment les clans Casamonica, Spada, Di Silvio, Triassi, De Silvio, Fasciani, Gallace, Senese ou encore D’Agostino, auxquels s’ajoutent des alliances ponctuelles avec des organisations traditionnelles telles que la Camorra, la ‘Ndrangheta ou la Cosa Nostra, ainsi qu’avec des réseaux criminels étrangers.
Le clan Casamonica incarne l’archétype du groupe mafieux familial d’origine rom. Il est particulièrement implanté dans les quartiers périphériques sud-est de Rome. Fonctionnant selon des logiques claniques et patriarcales, le groupe est structuré autour de liens de sang et d’alliances matrimoniales internes qui renforcent la cohésion. Les Casamonica ont développé une expertise dans l’extorsion, l’usure, le trafic de stupéfiants et le recyclage d’argent à travers des commerces légaux tels que salons de coiffure, sociétés de location de voitures ou agences immobilières. Leur influence est telle qu’ils imposent des « taxes » aux commerçants locaux et pratiquent des formes d’assistance sociale mafieuse. Des opérations judiciaires majeures ont mis au jour leur structure hiérarchique et leur capacité à contrôler militairement leur territoire. Leurs rites d’affiliation, leur recours à la violence démonstrative et leur influence sociale ont été reconnus comme caractéristiques mafieuses par les juges.
Le clan Spada, actif dans la ville d’Ostie, a suivi un chemin parallèle. Issu lui aussi d’une communauté rom, le groupe s’est structuré autour de Roberto Spada et de ses frères. Leur emprise sur le territoire s’est manifestée par des actes violents d’intimidation, des extorsions, la gestion du trafic de stupéfiants et une forte infiltration dans les activités balnéaires et immobilières d’Ostie. La justice a confirmé leur nature mafieuse notamment à travers l’enquête « Eclissi », qui a révélé leur capacité d’intimidation systématique de la population et leur volonté de monopoliser les activités économiques et sociales de leur fief.
Les clans Di Silvio et De Silvio, d’origine sinti, sont fortement enracinés dans la province du Latium, notamment dans les villes de Latina, Aprilia et Sezze. Ces groupes familiaux sont actifs dans l’usure, l’extorsion et le trafic de drogues. Leur caractère mafieux a été reconnu par plusieurs décisions judiciaires qui ont mis en lumière leur capacité à opprimer systématiquement leur environnement social, à imposer des règles et à recourir à la violence pour garantir l’omerta. À Latina, ils ont profité d’une faible réaction des institutions et de complicités politiques pour asseoir leur pouvoir.
Les Triassi, liés historiquement à la mafia sicilienne d’Agrigente, sont implantés à Ostie et ont été pendant un temps alliés aux Fasciani. Ces derniers, issus également du quartier d’Ostia, ont longtemps dominé le territoire en alternance ou en conflit avec les Spada. Le clan Fasciani, dirigé par Carmine Fasciani, a structuré ses activités autour du contrôle des plages, des commerces de nuit et du trafic de drogue. L’enquête « Nuova Alba » a révélé une organisation complexe, dotée d’une hiérarchie stricte, d’un système d’extorsion massif et de complicités au sein de l’administration locale.
Le clan Senese, d’origine napolitaine mais implanté à Rome, a été considéré comme la principale expression de la Camorra dans la capitale. Dirigé par Michele Senese, dit « O’Pazzo », ce groupe a opéré dans les quartiers de Tor Bella Monaca et Torre Angela, imposant sa loi dans le trafic de stupéfiants et les règlements de comptes. Sa violence, son enracinement local et ses alliances avec les clans napolitains comme les Licciardi ou les Mallardo, ainsi que ses investissements dans des entreprises de construction et de commerce, en font une structure mafieuse à part entière.
À ces groupes s’ajoute le clan Gallace, originaire de Guardavalle en Calabre, qui a développé une forte implantation à Nettuno et Anzio. Ses liens avec la ‘Ndrangheta ont permis à ce clan d’imposer ses règles dans les marchés de la construction, des marchés publics et de la drogue. Leur présence dans la région est discrète mais influente, et leur capacité à infiltrer les institutions locales a été révélée par plusieurs enquêtes.
Le paysage criminel du Latium est complété par la présence d’organisations étrangères, notamment des groupes albanais, roumains et nigérians, particulièrement actifs dans la traite des êtres humains, le proxénétisme, le trafic d’armes et de drogues. Ces groupes, bien que moins visibles, ont su tisser des liens fonctionnels avec les groupes autochtones, notamment dans le trafic de cocaïne et la gestion de certaines portions de territoires urbains.

Ville de Rome

Banlieue de Rome

Région du Latium
- Organisations criminelles étrangères en Italie
Les organisations criminelles étrangères représentent aujourd’hui un élément stable du paysage criminel italien, avec une présence consolidée sur l’ensemble du territoire national. Depuis plusieurs années, les forces de police constatent des interactions croissantes entre les groupes criminels étrangers et les mafias italiennes traditionnelles, notamment dans le cadre du trafic de drogue, de la traite d’êtres humains, du trafic de migrants, des fraudes et du recyclage. Ces groupes, dont certains ont été reconnus par la Cour de cassation italienne comme disposant de structures et de méthodes mafieuses, constituent une menace majeure identifiée par les institutions italiennes et européennes, qui les classent parmi les réseaux criminels à haut risque. Sur le terrain, la situation est marquée par une interaction fréquente entre organisations étrangères et italiennes, qui se traduisent parfois par une répartition tacite des secteurs d’activité illicite, voire des alliances ponctuelles.
En matière de stupéfiants, les groupes étrangers jouent un rôle central. Les organisations albanaises, nigérianes, nord-africaines et issues de l’Afrique subsaharienne, avec des ramifications jusqu’en Amérique latine, en Europe du Nord et aux Balkans, sont particulièrement actives. Les Albanais, notamment, agissent de manière de plus en plus indépendante, jusqu’à jouer un rôle de co-traitant avec la ‘Ndrangheta et la camorra, grâce à leur implantation dans des ports stratégiques du nord de l’Europe comme Anvers, Rotterdam et Hambourg, ainsi qu’en Amérique du Sud. Ils disposent d’un réseau structuré basé sur des liens familiaux ou régionaux, utilisent couramment la violence pour régler les conflits ou imposer leur autorité, et investissent leurs revenus dans des biens légaux. La route adriatique entre l’Albanie et les Pouilles est au cœur de leur logistique. La cocaïne est importée par mer ou par voie terrestre, les Albanais s’occupant de l’approvisionnement tandis que les mafias italiennes se chargent du détail.
Les organisations nigérianes ont transposé en Italie les structures issues des confréries universitaires criminelles du Nigeria, comme Eiye, Black Axe, Viking ou Maphite. Ces groupes, très présents dans les communautés de migrants, sont organisés selon un modèle hiérarchique, avec des niveaux d’autonomie variable, mais tous répondent à une organisation centrale. Leurs activités incluent le trafic de drogue, la traite d’êtres humains, l’exploitation de la prostitution, les fraudes informatiques et le blanchiment. Ils recourent souvent à des systèmes de transfert informels pour envoyer des fonds en Afrique. Malgré quelques cas de collaboration ponctuelle avec des mafias italiennes, ils restent globalement autonomes. Leur fonctionnement repose sur une forte omertà, un sens de l’appartenance rigide, des rituels et des codes internes qui les rapprochent des mafias locales, même si toutes les tentatives judiciaires d’assimilation à l’article 416 bis (sanctionnant l’association mafieuse) du code pénal italien n’ont pas abouti à des condamnations définitives.
La criminalité chinoise est très structurée, discrète et refermée sur elle-même. Elle s’appuie sur des liens familiaux, une grande cohésion communautaire et une faible perméabilité à l’extérieur. Les activités criminelles chinoises ciblent souvent les compatriotes et évitent l’exposition publique : extorsions, prostitution, vente de contrefaçons, usage du travail clandestin, infiltration des secteurs du textile, des paris clandestins et des centres de massage. Elles sont également impliquées dans le blanchiment de capitaux à travers des systèmes financiers parallèles. Ce fonctionnement opaque, ainsi que leur capacité à recycler les fonds vers la Chine, rend leur démantèlement difficile.
Les groupes criminels roumains se présentent sous deux formes : d’un côté, une micro-criminalité peu organisée concentrée sur les vols, cambriolages et escroqueries ; de l’autre, des structures plus complexes, parfois comparables à des mafias, impliquées dans le caporalato (exploitation de la main-d’œuvre), la traite et le trafic de stupéfiants. Ces derniers sont parfois intégrés à des réseaux multinationaux opérant aux côtés d’Italiens.
Les organisations sud-américaines opèrent principalement dans le nord de l’Italie, avec une présence mineure dans le Latium. Elles sont impliquées dans le trafic de cocaïne, l’exploitation sexuelle, et dans des collaborations avec d’autres groupes pour le trafic international. Les pandillas latino-américaines, souvent liées par des facteurs culturels et identitaires, se distinguent par leur violence, leur implication dans les délits de rue, le trafic de drogue et le recours aux armes.
Les groupes issus des Balkans et de l’ex-URSS se consacrent principalement aux vols, au trafic de drogue et d’armes, au proxénétisme, à l’immigration clandestine et aux vols de cuivre. Leur spécialité reste les délits contre les biens.
Les réseaux nord-africains, notamment issus du Maghreb, sont ancrés dans le tissu urbain italien. Ils sont bien intégrés dans le trafic de drogue, y compris transnational. La criminalité d’origine moyen-orientale ou du sud-est asiatique (Pakistan, Inde) agit principalement dans l’immigration illégale, le travail au noir, la drogue et la prostitution. Ces groupes agissent souvent en coopération avec des organisations criminelles turques, grecques ou balkaniques, et fonctionnent selon des logiques multiethniques.
Enfin, les « baby gangs », composés de jeunes mineurs ou jeunes majeurs, pour la plupart d’origine étrangère, émergent comme une menace sociale croissante. D’origine salvadorienne ou maghrébine, ces groupes contrôlent certains territoires localement, se livrent à des actes violents, et incarnent une forme évolutive de la criminalité urbaine juvénile.
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Implantation dans les autres régions italiennes
Émilie-Romagne :
Ligurie :
Provinces de Milan et de Pavie :
Provinces de Brescia, de Padoue, de Crémone et de Bergame :
Provinces de Monza et Brianza, de Varèse, de Côme et de Lecco :
Région du Piémont :
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Les interdictions administratives en 2024 :
L’interdiction administrative est une mesure non pénale, préventive, qui peut être prise même sans condamnation judiciaire, sur la base de soupçons raisonnés d’infiltration mafieuse. Elle concerne les entreprises et vise à empêcher les infiltrations mafieuses dans le tissu économique, notamment via les contrats publics. Elle est prévue par l’article 84 et suivants du Décret législatif n° 159/2011 du Code antimafia.
Une entreprise peut être visée si :
– elle est directement ou indirectement liée à des personnes affiliées à des organisations mafieuses ;
– elle emploie des personnes suspectées de telles affiliations ;
– elle sert de couverture à des intérêts mafieux ou facilite leurs activités ;
– elle a un comportement suspect ou complice dans des marchés publics, marchés de travaux ou de services.
Une entreprise frappée d’une interdizione antimafia :
– ne peut plus participer aux appels d’offres publics ;
– perd les contrats publics en cours ;
– ne peut pas obtenir certaines autorisations administratives (liées notamment à la sécurité, la logistique, les concessions d’espaces publics,…).
Voir le rapport ici
ou https://direzioneinvestigativaantimafia.interno.gov.it/relazioni-semestrali/#relazione-sullattivita-nel-2024/1/
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