Quand la violence étouffe la croissance : l’alerte de la Banque mondiale pour l’Amérique latine
World Bank Group | Avril 2025La Banque Mondiale tire la sonnette d’alarme. Dans son dernier rapport « Crime organisé et violence en Amérique latine et dans les Caraïbes », elle dépeint une région engluée dans un cercle vicieux où criminalité, violence et sous-développement économique s’alimentent mutuellement.
Croissance en berne, risques en hausse
Alors que la croissance économique mondiale ralentit, l’Amérique latine et les Caraïbes apparaissent comme la région la plus fragile du globe. La Banque mondiale ne prévoit que 2,1 % de croissance en 2025 et 2,4 % en 2026, des chiffres dramatiquement bas.
Inflation persistante, ralentissement de la Chine et du G7, tensions commerciales accrues : autant de vents contraires qui freinent les perspectives. À cela s’ajoutent des défis internes : dettes publiques massives, investissements faibles, inégalités sociales criantes. Si la pauvreté recule timidement, les fractures restent béantes.
Le crime organisé, un frein majeur au développement
À ce panorama économique déjà fragile vient s’ajouter un phénomène tentaculaire : l’explosion du crime organisé. Longtemps concentré dans quelques bastions, il s’est généralisé à toute la région, infiltrant aussi bien le trafic de migrants que la déforestation illégale. Aujourd’hui, 12 pays d’Amérique latine et des Caraïbes figurent parmi les 50 plus criminels du monde.
La violence atteint des niveaux glaçants : un tiers des homicides mondiaux a lieu dans cette région, alors qu’elle ne regroupe que 9 % de la population mondiale. Les taux d’homicide y sont huit fois supérieurs à la moyenne mondiale.
Pourquoi la situation empire-t-elle ?
Plusieurs dynamiques se conjuguent :
– Une demande mondiale de drogues et de ressources illégales toujours croissante.
– Le démantèlement partiel des cartels historiques, qui a généré une multitude de groupes plus petits et plus violents.
– La pandémie de COVID-19, qui a renforcé le pouvoir des mafias dans les territoires abandonnés par l’État.
-Les nouvelles technologies, qui facilite la criminalité transnationale via cryptomonnaies et réseaux sociaux.
Des institutions dépassées
Face à cette mutation rapide, les États apparaissent désarmés.
Les prisons, surpeuplées, sont devenues des centres de recrutement pour les gangs.
Les forces de police, souvent mal formées et sous-dimensionnées, peinent à contenir l’expansion criminelle.
Quant aux systèmes judiciaires, leur manque de moyens et d’efficacité empêche toute réponse stratégique cohérente.
Que faire ? La stratégie proposée par la Banque Mondiale
La Banque Mondiale plaide pour une réponse globale, coordonnée, et de long terme :
Renforcer les institutions publiques : réformer la police, la justice et les systèmes carcéraux pour leur redonner efficacité et légitimité.
Prévenir l’entrée dans la criminalité : créer des alternatives concrètes pour la jeunesse grâce à l’éducation, la formation numérique et l’emploi.
Investir massivement dans la connaissance : produire des données fiables pour mieux comprendre et combattre les réseaux.
Renforcer la coopération régionale et internationale : harmoniser les enquêtes, partager l’information et peser davantage dans les débats globaux sur la drogue, les armes et les flux financiers.
Un combat pour l’avenir
Le crime organisé n’est plus seulement une menace sécuritaire : il sape la croissance économique, détruit les institutions démocratiques et approfondit les inégalités sociales.
Pour la Banque Mondiale, le message est clair : l’Amérique latine et les Caraïbes ne pourront espérer prospérer sans affronter frontalement ce fléau.
Voir le rapport ici
ou https://openknowledge.worldbank.org/server/api/core/bitstreams/f743364d-f231-4ddb-a36c-ecf543272f6c/content
Par Kimberley Bort
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