Canada : depuis la légalisation, l'acceptabilité du cannabis est en augmentation

International Journal of Drug Policy - États-Unis | Juin 2025

Une étude publiée en juin 2025 dans l’International Journal of Drug Policy analyse l’évolution des perceptions sur le cannabis au Canada durant les cinq années qui ont suivi sa légalisation à des fins récréatives en 2018. Menée auprès d’un échantillon communautaire de 1.502 adultes de l’Ontario, suivis à travers 11 vagues d’enquêtes entre septembre 2018 et octobre 2023, cette recherche documente les changements d’attitudes en matière de normalisation, de sécurité perçue, de risques et de bénéfices associés au cannabis.

Les résultats révèlent une hausse significative de l’acceptabilité sociale du cannabis récréatif (+6 % tous les 6 mois, soit +60 % en 5 ans) et de l’expérimentation occasionnelle. Paradoxalement, l’acceptabilité du cannabis médical a diminué sur la période (-5 % tous les 6 mois), tout comme celle de l’usage régulier d’alcool. En parallèle, les répondants ont exprimé une perception accrue des risques associés à une consommation régulière de cannabis (notamment en termes d’addiction et de perturbations du sommeil ou de la santé mentale), ainsi qu’une diminution de la croyance dans ses bénéfices thérapeutiques. Le cannabis est ainsi de plus en plus perçu comme addictif et potentiellement nuisible à la santé, bien que sa consommation soit jugée plus acceptable.

Le niveau de perception du risque lié à l’usage récréatif hebdomadaire a baissé (−3 % tous les six mois), traduisant une reconnaissance croissante des effets négatifs. Le potentiel addictif est désormais plus largement admis, et l’idée que le cannabis est plus sûr que l’alcool diminue, les répondants ayant tendance à les juger équivalents. Fait marquant, l’acceptabilité du cannabis a davantage augmenté chez les personnes qui n’en consommaient pas avant la légalisation, suggérant un effet d’alignement des normes sociales même chez les abstinents.

Sur le plan des bénéfices perçus, le soutien au cannabis pour soulager le stress, améliorer le sommeil ou réduire l’usage d’autres médicaments a diminué. Seules quelques dimensions comme l’amélioration de l’appétit ou de la concentration ont connu une légère hausse d’approbation. Côté risques, les répondants ont été plus nombreux à souligner l’addiction, les effets négatifs sur la santé mentale ou les troubles du sommeil. Les anciens consommateurs se sont montrés plus enclins à reconnaître ces effets délétères que les non-usagers.

Ces résultats témoignent d’une évolution ambivalente du regard porté sur le cannabis post-légalisation : son usage devient socialement plus acceptable, mais dans un contexte de vigilance accrue sur ses effets. Contrairement aux dynamiques observées aux États-Unis où les risques perçus tendent à diminuer, le Canada semble évoluer vers une normalisation prudente, marquée par une hausse des perceptions critiques sur les effets sanitaires, possiblement influencée par un encadrement strict de la publicité et une information publique plus rigoureuse. L’étude note toutefois une baisse de l’exposition aux messages de santé publique sur le cannabis entre 2018 et 2023.

Enfin, la comparaison avec l’alcool montre que l’acceptabilité de l’usage régulier de ce dernier a décliné, tandis que le cannabis s’impose progressivement comme substance de consommation plus banalisée, mais pas nécessairement mieux perçue en termes de sécurité ou de bénéfices. Cette recherche offre un éclairage unique sur la façon dont une réforme nationale du cannabis influe non seulement sur les comportements, mais aussi sur les mentalités. Elle suggère que la légalisation n’entraîne pas automatiquement une minimisation des risques dans l’opinion publique et souligne l’intérêt d’un suivi continu des perceptions pour guider les politiques de santé.

Voir l’étude ici
ou https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0955395925000817?via%3Dihub

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