Allemagne : rapport fédéral sur la criminalité organisée
Bundeskriminalamt - Allemagne | Octobre 2025
Le rapport fédéral 2024 sur la criminalité organisée (Bundeslagebild Organisierte Kriminalität) du BKA (police judiciaire fédérale allemande) dresse un panorama complet de l’état de la criminalité organisée en Allemagne, des tendances structurelles, des évolutions sectorielles et des priorités opérationnelles. Le document met en évidence la persistance d’un haut niveau d’activité des réseaux criminels, une diversification des domaines d’action et une intensification des liens transnationaux. En 2024, 720 procédures de criminalité organisée ont été enregistrées à l’échelle fédérale et régionale, un chiffre légèrement en hausse par rapport à 2023. Le phénomène conserve son caractère fortement internationalisé : dans 77 % des affaires, au moins un suspect n’avait pas la nationalité allemande. Le rapport souligne l’importance des interactions entre crime organisé, criminalité financière et marchés numériques, de même que la montée en puissance des structures hybrides mêlant économie légale et flux illicites.
Le BKA constate une augmentation marquée de la professionnalisation, du cloisonnement hiérarchique et de l’utilisation des technologies de communication chiffrée. Les groupes criminels s’adaptent aux stratégies policières, utilisent des messageries sécurisées, des cryptomonnaies, des sociétés écran et des structures logistiques commerciales pour masquer leurs activités. La coopération internationale reste centrale, les organisations opérant souvent en réseaux décentralisés, spécialisés et interconnectés. Le rapport 2024 met également l’accent sur les conséquences de l’exploitation des données EncroChat et SkyECC, qui continuent de produire des effets judiciaires et des arrestations en chaîne.
Structures et typologies de la criminalité organiséeLe BKA distingue plusieurs formes de structures opératoires. Près de la moitié des groupes actifs présentent une hiérarchie stable, dirigée par un noyau restreint de responsables. Les autres fonctionnent de manière horizontale ou opportuniste, souvent autour de filières spécifiques (trafic de stupéfiants, fraude, contrebande).
En 2024, les groupes transnationaux représentent la majorité des cas détectés : 64 % des enquêtes comportent des ramifications à l’étranger. Le rapport relève une forte présence de structures ethno-culturelles : les réseaux turcs, albanais, serbes, polonais et arabes tiennent une place dominante dans le trafic de drogues et la traite d’êtres humains. Les groupes italiens (‘Ndrangheta, Camorra, Cosa Nostra) conservent une influence notable dans le blanchiment et les flux financiers. Les clans familiaux issus de Turquie, du Liban et du Proche-Orient continuent d’exercer une pression criminelle importante, en particulier dans la région de Berlin et de la Ruhr.
Le BKA observe également la persistance de groupes motorisés, notamment les clubs de motards criminels (Hells Angels, Bandidos, Gremium, Outlaws) qui maintiennent une implication dans le trafic de stupéfiants, les extorsions et la gestion de lieux de divertissement. Le rapport mentionne que plusieurs chapitres ont adopté des structures de façade légales et que certaines interactions entre clubs et sous-groupes ethniques sont désormais observées. Les organisations d’Europe de l’Est, en particulier les réseaux géorgiens et russophones, demeurent actives dans les cambriolages, les escroqueries et les délits financiers. Les filières nigérianes et ouest-africaines, quant à elles, sont très présentes dans la fraude en ligne, la traite et les arnaques sentimentales.
Données statistiques et profil des auteursSur les 720 procédures de 2024, environ 11.600 suspects ont été identifiés. Près de 23 % d’entre eux sont de nationalité allemande, 9 % turque, 7 % polonaise, 5 % libanaise ou syrienne, et le reste se répartit entre plus de 120 nationalités. Les femmes représentent 10 % des personnes impliquées, généralement dans des fonctions de soutien logistique, de gestion de comptes ou de transferts. L’âge moyen des suspects est de 37 ans. L’insertion économique et sociale reste très variable : certains acteurs sont insérés dans le tissu économique légal, d’autres sont liés à des zones défavorisées ou à des communautés fermées. La part de récidivistes reste élevée, supérieure à 50 %.
Le BKA relève un accroissement de la sophistication financière et technologique des organisations. Plus de la moitié des enquêtes comportent désormais un volet numérique, qu’il s’agisse d’utilisation de serveurs privés, d’outils de chiffrement, de plateformes de messagerie fermée ou de comptes cryptographiques. Les criminels font appel à des experts externes, avocats, informaticiens ou comptables, qui ne sont pas toujours pleinement conscients de la nature des opérations auxquelles ils participent. Les flux de blanchiment transitent fréquemment par des systèmes parallèles comme la hawala, les néo-banques ou des structures de transfert rapide.
Principaux domaines d’activité criminelleLe trafic de stupéfiants demeure le pilier central de la criminalité organisée en Allemagne, présent dans près de 40 % des dossiers. En 2024, les quantités saisies de cocaïne, de cannabis et de méthamphétamine atteignent des niveaux records. Les ports d’Hambourg et de Bremerhaven continuent d’être les principales portes d’entrée, avec des cargaisons importées via les routes atlantiques depuis l’Amérique latine. Le BKA souligne le rôle des réseaux néerlandais, belges et espagnols dans l’acheminement des lots, ainsi que la coopération entre groupes albanais et sud-américains. La production domestique reste limitée mais en expansion pour la méthamphétamine et les cannabinoïdes synthétiques.
Le trafic d’armes connaît une recrudescence. Les filières proviennent en majorité d’Europe du Sud-Est et des Balkans, avec des flux issus des stocks de guerre. Le rapport mentionne des importations croissantes d’armes de poing et de fusils semi-automatiques destinés aux gangs urbains et aux réseaux de drogue. La cybercriminalité organisée s’impose comme une autre priorité. Les attaques par rançongiciels, les fraudes aux cryptoactifs et les escroqueries en ligne se multiplient, souvent avec des connexions vers des centres d’opérations à l’étranger. Le BKA note que les groupes d’Europe de l’Est et de Russie demeurent prépondérants, souvent en lien avec des acteurs semi-étatiques.
Les autres domaines majeurs comprennent le trafic de migrants, la traite à des fins sexuelles ou de travail forcé, le blanchiment d’argent, la fraude fiscale, la contrefaçon, et la criminalité économique organisée. Les délits contre l’environnement (notamment les dépôts illégaux de déchets et le commerce de matériaux dangereux) progressent également. Le rapport cite l’implication croissante d’entreprises-écrans allemandes dans des montages transfrontaliers de recyclage frauduleux ou d’exportation illégale de déchets vers l’Europe de l’Est et l’Afrique.
Financement, blanchiment et flux économiquesLe rapport consacre un chapitre au blanchiment et à l’infiltration de l’économie légale. Les flux illicites transitent par une multitude de canaux : transferts en espèces, placements dans l’immobilier, véhicules de luxe, restaurants, sociétés de construction, salons de jeux ou entreprises de transport. Les montants blanchis sont estimés à plusieurs dizaines de milliards d’euros par an. Le rapport relève une forte croissance du recours aux cryptomonnaies pour dissimuler l’origine des fonds. Les plateformes d’échange non régulées et les services de mixing compliquent la traçabilité des transactions. Le BKA insiste sur le rôle croissant des hawaladars et des transferts informels entre diasporas, notamment vers le Proche-Orient, l’Afrique et l’Asie.
L’Allemagne reste l’un des principaux marchés de blanchiment en Europe, en raison de la taille de son économie, du volume de cash en circulation et de la relative lenteur des procédures de gel et de confiscation. En 2024, 84 affaires de criminalité organisée incluaient des montages financiers complexes, souvent via des comptes dans des juridictions offshore : Chypre, Malte ou les Émirats arabes unis. Les groupes italiens et balkaniques apparaissent fréquemment comme intermédiaires. Le rapport souligne également la coopération accrue entre services fiscaux, douanes et cellule de renseignement financier (FIU), mais note que le nombre de déclarations d’opérations suspectes reste inférieur à celui observé dans d’autres pays de l’Union européenne.
Dimension territoriale et coopérations internationalesLes Länder les plus concernés demeurent la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, la Bavière, Berlin et Hambourg, suivis de la Basse-Saxe et du Bade-Wurtemberg. Ces régions concentrent plus de 60 % des affaires. La Rhénanie-du-Nord-Westphalie, en particulier, reste au cœur des activités des clans familiaux d’origine proche-orientale et de la ‘Ndrangheta. Berlin se distingue par la diversité des groupes et la densité de la criminalité financière, alors que la Bavière et la Saxe connaissent une intensification du trafic d’armes et de stupéfiants en provenance de la République tchèque. Hambourg conserve sa centralité logistique pour les importations maritimes. Les zones frontalières avec la Pologne et les Pays-Bas connaissent une activité importante liée aux trafics transfrontaliers.
Le BKA met en avant la coopération internationale comme levier essentiel : Europol, Eurojust, Interpol, et les unités d’enquête conjointes (Joint Investigation Teams) sont citées comme des structures clés. L’exploitation des données EncroChat et SkyECC continue de permettre des condamnations en Allemagne et dans les pays partenaires. Le rapport salue également les progrès dans la coopération judiciaire avec les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne et la France, notamment en matière de saisies patrimoniales et d’échanges d’informations en temps réel.
Tendances et perspectivesLe Bundeslagebild 2024 identifie plusieurs tendances fortes. La criminalité organisée devient de plus en plus flexible, dématérialisée et diversifiée. Les groupes structurent leurs activités autour de cellules autonomes et évitent les contacts directs avec les produits ou les flux financiers. Les structures ethniques perdurent mais se recomposent autour d’alliances temporaires. Le BKA estime que la frontière entre criminalité économique et criminalité organisée s’amenuise : les montages financiers, les fraudes aux aides publiques et les détournements de subventions s’intègrent désormais dans le spectre de la criminalité organisée.
Le rapport anticipe une croissance du rôle des cryptomonnaies, de la logistique maritime et des structures hybrides liant crime, entreprises et économie parallèle. Il préconise un renforcement du contrôle des secteurs à risque (immobilier, véhicules de luxe, or, transferts de fonds), une meilleure coordination entre Länder, et un suivi accru des flux de capitaux transnationaux. L’intégration des données issues des enquêtes internationales, l’exploitation du renseignement numérique et la consolidation des dispositifs d’évaluation du patrimoine criminel demeurent des priorités stratégiques pour 2025.
Organisations et réseaux criminels par origine ou structureLe rapport consacre une analyse approfondie aux différentes composantes ethniques et géographiques de la criminalité organisée. Ces structures, bien que diversifiées, partagent plusieurs caractéristiques : hiérarchisation interne, discipline stricte, fidélité familiale ou clanique, et adaptation rapide aux contrôles policiers.
Les groupes d’origine italienne conservent une place dominante dans la criminalité économique et le blanchiment. La ‘Ndrangheta, en particulier, demeure la structure étrangère la plus influente sur le territoire allemand. Implantée depuis les années 1980 en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, en Bavière et en Bade-Wurtemberg, elle contrôle des canaux d’importation de cocaïne via les ports du Benelux et de la mer du Nord. Les clans calabrais utilisent des sociétés de logistique, de restauration et de BTP pour dissimuler leurs activités financières. Les flux d’argent transitent par des intermédiaires italiens basés en Suisse, au Luxembourg et à Chypre. La Camorra napolitaine reste active dans les filières de contrefaçon et les flux de déchets industriels, tandis que Cosa Nostra intervient dans les secteurs immobiliers et commerciaux légaux, souvent via des prête-noms allemands ou italiens naturalisés.
Les clans arabes et turco-libanais constituent l’autre pilier majeur du panorama criminel. Présents dans plusieurs Länder, notamment Berlin, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie et la Basse-Saxe, ces groupes sont liés à des familles élargies dont les branches s’étendent jusqu’au Liban, à la Turquie et à la Suède. Le BKA estime que leur modèle repose sur un contrôle territorial, une solidarité clanique forte et un investissement massif dans le narcotrafic, les cambriolages, la fraude à la TVA et les extorsions. Certaines familles disposent d’un réseau d’entreprises de façade dans la sécurité privée, les salles de jeux et le commerce automobile. Le blanchiment d’argent s’effectue via des transferts hawala et des structures de change informelles.
Les groupes des Balkans (albanais, serbes, monténégrins et bosniaques) continuent d’occuper un rôle central dans la logistique du trafic de drogue. L’Albanie et le Monténégro sont des points d’expédition majeurs pour la cocaïne, acheminée depuis l’Amérique latine par voie maritime, avant redistribution vers l’Allemagne. Les groupes albanais, souvent structurés en réseaux familiaux, gèrent aussi la production et la distribution d’héroïne provenant d’Afghanistan et de Turquie. Les Serbes et Monténégrins assurent les routes terrestres et maritimes, en lien avec la Mocro Maffia et des acteurs turcs. Les opérations montrent que ces structures, bien que violentes, se professionnalisent et cherchent à maintenir une faible visibilité médiatique.
Les réseaux turcs demeurent également puissants, historiquement enracinés dans le trafic d’héroïne. Le rapport note une diversification vers la cocaïne, la production de cannabis indoor et la contrebande de tabac. Les groupes d’origine kurde, souvent indépendants des réseaux turcs traditionnels, contrôlent certaines filières de migrants et de travail illégal, ainsi que des circuits de financement parallèles vers le Proche-Orient.
Les organisations russophones, notamment les groupes géorgiens et caucasiens, conservent un rôle majeur dans les cambriolages et les escroqueries complexes. Les structures dites « Vory v Zakone » (voleurs dans la loi) opèrent par cellules mobiles à travers toute l’Allemagne. Le rapport décrit une forte spécialisation dans les vols de métaux, la fraude aux assurances et le recel de biens de luxe. Les enquêtes ont révélé des liens directs entre les chefs basés à Tbilissi et des équipes en activité à Hambourg et Francfort.
Les réseaux africains sont surtout actifs dans la fraude en ligne, la traite d’êtres humains et le trafic de stupéfiants à petite et moyenne échelle. Les Nigérians, Ghanéens et Camerounais utilisent les plateformes sociales pour orchestrer des arnaques sentimentales, du « sextortion » ou des fraudes aux investissements. Dans les grands centres urbains, certaines cellules participent au trafic de cocaïne, avec des connexions en Espagne et aux Pays-Bas.
Enfin, le rapport mentionne la présence persistante des clubs de motards criminels (OMCG – Outlaw Motorcycle Gangs). En 2024, 32 procédures concernaient des chapitres locaux de Hells Angels, Bandidos, Outlaws, Gremium ou Mongols. Ces structures contrôlent une partie du trafic de stupéfiants, du racket et du blanchiment via des bars, garages et boîtes de nuit. Le BKA constate également une coopération ponctuelle entre clubs rivaux sur des intérêts communs, notamment dans la revente de drogues de synthèse et le contrôle de certaines zones logistiques.
Secteurs criminels spécifiques Trafic de stupéfiantsLe trafic de drogue reste la principale activité de la criminalité organisée. En 2024, la cocaïne domine les saisies : plus de 35 tonnes ont été interceptées dans les ports allemands et européens liés aux circuits allemands. Le cannabis demeure massivement importé d’Espagne et du Maroc, tandis que la production nationale s’intensifie dans les Länder de l’Est. L’héroïne, issue du Croissant d’or, transite toujours via la Turquie et les Balkans. La méthamphétamine et les drogues de synthèse produites en République tchèque ou aux Pays-Bas restent très présentes dans les régions frontalières. Les alliances entre groupes européens et cartels sud-américains se renforcent, les organisations allemandes agissant comme intermédiaires logistiques et financiers. Les ports d’Hambourg, Rotterdam et Anvers forment un axe stratégique de la chaîne d’approvisionnement.
Trafic d’armesLes flux d’armes illicites augmentent depuis les Balkans, mais aussi depuis l’Europe de l’Est et l’Ukraine. Les saisies concernent majoritairement des armes de poing, des fusils semi-automatiques et des composants imprimés en 3D. Des ateliers clandestins, souvent situés dans des zones rurales, assurent le reconditionnement et la conversion d’armes neutralisées. L’Allemagne reste à la fois marché de destination et de transit. Les armes sont revendues à des groupes de trafiquants de drogue ou à des structures violentes impliquées dans les règlements de comptes. Le BKA signale des liens croissants entre filières d’armes et trafics de drogue, ainsi que des achats via le darknet et des paiements en cryptomonnaies.
Criminalité financière et économiqueLe rapport insiste sur la sophistication croissante de la criminalité financière. Les fraudes à l’investissement, escroqueries au crédit, détournements de fonds et manipulations de comptes bancaires se multiplient. Le blanchiment s’effectue par le biais de sociétés-écrans, d’intermédiaires professionnels et d’acquisitions immobilières. L’exploitation d’entreprises légales dans les secteurs de la construction, de la restauration et du commerce de véhicules reste fréquente. Le BKA note l’usage accru des cryptomonnaies pour le transfert de fonds et les paiements inter-criminels, souvent à travers des plateformes situées hors UE. Les cyberescroqueries à grande échelle (phishing, fausses plateformes de trading, arnaques à la loterie) représentent un secteur en plein essor, souvent orchestré depuis l’étranger, notamment la Turquie, Israël et l’Europe de l’Est.
Traite et exploitation humaineLa traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle ou de travail forcé demeure préoccupante. En 2024, plus de 400 enquêtes ont impliqué des structures organisées. Les victimes proviennent majoritairement d’Europe de l’Est (Roumanie, Bulgarie, Hongrie), d’Afrique de l’Ouest et d’Asie du Sud-Est. Les filières combinent exploitation dans les salons de massage, bars à hôtesses et services domestiques. L’exploitation du travail touche principalement les secteurs agricoles, du bâtiment et de la logistique, avec un recours à des travailleurs sans statut légal. Les profits générés sont réinvestis dans les réseaux de transport et d’hébergement.
Cybercriminalité organiséeLe BKA relève une intensification de la cybercriminalité transnationale. Les attaques par rançongiciels contre les administrations, hôpitaux et PME allemandes se multiplient, avec des groupes opérant depuis la Russie, l’Ukraine et l’Asie centrale. Les vols de données et les escroqueries aux cryptoactifs causent des pertes évaluées à plusieurs centaines de millions d’euros. Le dark web demeure un espace privilégié pour la vente de données, d’armes, de faux papiers et de stupéfiants. Les structures allemandes participent parfois à la maintenance technique de ces plateformes ou à l’hébergement de serveurs relais.
Criminalité environnementaleLa criminalité environnementale progresse nettement. Les réseaux s’intéressent au commerce illégal de déchets, à l’exportation frauduleuse de métaux et à la pollution industrielle non déclarée. Des entreprises de façade collectent ou transportent des déchets industriels sous couvert d’activités légales. Le rapport mentionne des envois illégaux de plastiques et de déchets électroniques vers l’Europe de l’Est et l’Afrique. Les profits sont élevés en raison des faibles coûts de traitement et de la difficulté à contrôler les flux. Cette tendance se combine avec des activités de corruption locale et des manipulations de documents de transport.
Évolutions structurelles et recommandationsLe BKA conclut que la criminalité organisée en Allemagne atteint un degré de maturité et d’intégration économique inédit. Le phénomène ne se limite plus à des marges violentes mais s’ancre dans l’économie légale, exploitant les failles du système financier et la lenteur des contrôles administratifs. La numérisation, la mobilité et la mondialisation ont profondément transformé le profil du crime organisé. Les frontières entre acteurs légaux et illégaux deviennent plus floues : consultants, entrepreneurs, experts financiers et transporteurs participent parfois sans le savoir à des opérations criminelles.
Le rapport préconise un renforcement de la coopération inter-agences, une meilleure exploitation des données financières et la systématisation des confiscations patrimoniales. Il insiste sur la nécessité d’un contrôle renforcé des flux transfrontaliers, des cryptoactifs et des transferts informels. Les recommandations incluent également le développement des capacités de décryptage et d’analyse des communications chiffrées, la coordination des Länder dans le suivi des clans familiaux, et une intensification de la coopération européenne dans les enquêtes transnationales.
Enfin, le Bundeskriminalamt souligne que la lutte contre la criminalité organisée ne peut être efficace sans s’attaquer à la base économique qui la soutient : la demande en stupéfiants, la tolérance à l’économie informelle et la faiblesse du contrôle fiscal dans certains secteurs. L’année 2024 confirme une stabilisation du nombre d’affaires mais une complexification accrue des structures criminelles, désormais plus discrètes, plus techniques et plus intégrées dans le tissu économique européen.
Voir le rapport ici
ou https://www.bka.de/DE/AktuelleInformationen/StatistikenLagebilder/Lagebilder/OrganisierteKriminalitaet/2024/BLB_OK_2024.html
| Désolé, cette page est seulement accessible aux abonnés de crimorg.com! |
|---|

